Médecins sans frontières (MSF) s’est inquiété dans un communiqué publié mercredi de la malnutrition alarmante observée dans certaines zones de la région du Tigré, dans le nord de l’Ethiopie, en proie depuis 6 mois à la guerre.
Cette situation devrait se dégrader avec l’arrivée prochaine de la saison des pluies, ajoute l’ONG.
MSF souligne que les habitants peinent à accéder aux sites de distribution alimentaire et déplorent que l’aide se limite aux principales localités, « n’atteignant pratiquement jamais » les zones rurales.
« Les équipes de MSF observent des niveaux alarmants de malnutrition parmi les enfants, les femmes enceintes et les mères allaitantes qui sont auscultés dans les cliniques mobiles dans divers endroits du nord-ouest de la région du Tigré », déclare Karline Kleijer, responsable du département d’urgence de l’ONG.
Sur 309 enfants examinés ces dernières semaines, 26,6% sont mal-nourris et 6% sont atteints d’une malnutrition sévère aiguë, précise-t-elle, ajoutant que la situation « justifie une action immédiate ».
Le 4 novembre 2020, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale au Tigré pour renverser les autorités dissidentes du Tigré, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), le parti au pouvoir dans cette région.
M. Abiy avait accusé les combattants du TPLF d’avoir attaqué des bases de l’armée fédérale et promis que les combats seraient brefs.
Mais alors que la guerre se prolonge, le « désastre humanitaire » s’aggrave, s’est inquiété fin avril le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.
Des dizaines de milliers de déplacés provenant de l’ouest de la région, où ils ont été chassés de leur terre, sont partis se réfugier au nord-ouest, notamment dans la localité de Shire. Selon M. Blinken ces violences s’apparentent à du « nettoyage ethnique ».
Les combats au Tigré ont perturbé les récoltes dans une région qui était déjà en proie à l’insécurité alimentaire avant le conflit.
Mercredi, MSF ne précise pas pourquoi les habitants ne peuvent pas accéder aux points de distribution de nourriture.
Mais des documents des autorités intérimaires du Tigré, obtenus en avril par l’AFP, soulignent que des soldats érythréens bloquent et pillent l’aide alimentaire dans la région, chassant parfois les habitants des sites de distribution.
L’Erythrée a nié ces accusations.
MSF ajoute que « la qualité et la quantité de nourriture disponible a nettement chuté, de nombreuses familles ne mangeant ainsi qu’un repas par jour et souvent uniquement du pain. »
« Alors que la saison des pluies approche les problèmes de sécurité alimentaire devraient empirer, parce que les champs sont souvent inaccessibles aux agriculteurs en raison du conflit ou parce qu’ils n’ont pas de quoi semer », précise Mme Kleijer.
Source: La Minute Info