La justice sud-africaine a examiné jeudi la requête d’une commission anticorruption réclamant que l’ex-président Jacob Zuma soit placé derrière les barreaux pour son refus de témoigner devant elle.
Depuis la création en 2018 de cette commission chargée d’enquêter sur la corruption généralisée pendant ses neuf années au pouvoir, M. Zuma, déjà mis en cause par une quarantaine de témoignages, multiplie les manœuvres pour éviter d’avoir à s’expliquer, empilant les recours ou faisant valoir son droit au silence.
Après une énième convocation snobée fin février, la commission a réclamé à la Cour Constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays, de prononcer une peine de deux ans de prison pour « outrage à la justice » contre l’ancien chef d’Etat.
Car cette fois-ci, l’ex-président a non seulement ignoré une convocation de la commission mais également enfreint une décision rendue en janvier par la Cour constitutionnelle, l’obligeant à comparaître et le privant du droit à garder le silence.
Désormais, la question n’est plus de savoir si l’ex-président doit aller en prison, mais « combien de temps il doit y rester », a exposé aux juges l’avocat de la commission, Tembeka Ngcukaitobi.
Ni Jacob Zuma ni aucun de ses avocats n’étaient présents à l’audience organisée en ligne. Une poignée de sympathisants étaient rassemblés sous la pluie devant le tribunal, scandant des slogans en faveur de l’ex-chef de l’Etat.
Evoquant une justice « attaquée » et le « ton belliqueux et provocateur » de M. Zuma, Tembeka Ngcukaitobi a qualifié le comportement de l’ancien président de « manœuvre cynique pour éviter de rendre des comptes ».
Si le cas est « exceptionnel », le statut d’ancien président de M. Zuma « ne le protège pas de la loi », a martelé l’avocat.
Toutefois, « l’outrage à la cour n’est généralement pas considéré comme une infraction grave » et aboutit souvent à une amende, a tempéré James Grant, avocat et spécialiste en droit constitutionnel, interrogé par l’AFP.
La Cour constitutionnelle n’a pas encore communiqué de date pour rendre sa décision.
Jacob Zuma, 78 ans, n’a témoigné qu’une seule fois devant la commission anticorruption, en juillet 2019. Il avait rapidement claqué la porte, s’offusquant d’être traité comme un « accusé ».
Englué dans les scandales, il avait été poussé à la démission en 2018 et remplacé par l’actuel président, Cyril Ramaphosa, qui a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille.
M. Ramaphosa, qui fut le vice-président de M. Zuma entre 2014 et 2018, est lui-même convoqué pour témoigner devant la commission du 22 au 29 avril.
Source: La Minute info