Des manifestants du Hirak en Algérie, dont des étudiants et des enseignants, ont à nouveau défilé mardi à Alger contre la « feuille du route » du régime qui a décidé d’organiser des législatives anticipées, sans tenir compte des revendications du mouvement pro-démocratie, a constaté l’AFP.
Semblant moins fourni que les semaines précédentes, le cortège des hirakistes a exprimé son refus du scrutin législatif annoncé par le président Abdelmadjid Tebboune et prévu en juin.
« Tebboune dégage, il n’y aura pas d’élections », « Transférez le pouvoir au peuple », ont scandé les manifestants.
« En ce qui concerne le prochain vote pour le Parlement, ce n’est qu’une une pièce de théâtre car le +système+ est illégitime », a déclaré à l’AFP Amira, une étudiante de 18 ans.
« Je m’adresse au peuple algérien et à ceux du Hirak: ne votez pas ! Si vous le faites, c’en est fini de l’Algérie », a renchéri un retraité de 70 ans qui n’a pas voulu donner son nom.
Les manifestants ont demandé la « libération » immédiate » des détenus d’opinion en Algérie, l’un d’eux brandissant un portrait de Miloud Benrouane, étudiant emprisonné à Biskra (nord-est) depuis octobre 2020.
Le rassemblement — en principe interdit en raison de la pandémie de Covid-19 — a pris fin sans incident.
Des marches ont également eu lieu à Oran (nord-ouest) et à Béjaïa, en Kabylie (nord-est), selon les médias locaux.
Certains protestataires ont également proclamé leur soutien aux quatre activistes établis à l’étranger contre lesquels la justice algérienne a émis dimanche des mandats d’arrêt internationaux, les accusant d’appartenir à un groupe terroriste et de menées subversives.
Parmi ces militants anti-régime, figure Mohamed Larbi Zeitout, un des fondateurs et dirigeants du mouvement islamo-conservateur Rachad, bête noire des autorités et interdit en Algérie. M. Zeitout, un ancien diplomate de 57 ans, s’est exilé à Londres en 1995 et possède la nationalité britannique.
Sont également dans le viseur de la justice Amir Boukhors, blogueur connu sous le nom d’ »Amir Dz », Hichem Aboud, un journaliste, et un ex-gendarme, Abdellah Mohamed, membre de Rachad.
Selon les autorités, Rachad, qui regrouperait d’anciens militants du Front islamique de salut (FIS, dissous en mars 1992), chercherait à infiltrer le Hirak et à l’entraîner dans la violence.
Né en février 2019 du rejet massif d’un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, impotent et reclus, le Hirak réclame un changement radical du « système » politique en place depuis l’indépendance du pays en 1962.
Ce mouvement populaire inédit en Algérie est pacifique, pluriel – des laïcs aux islamistes – et sans véritable leadership ni structure politique à ce jour.
Source. La Minute Info