Législatives en Côte d’Ivoire: la confiance affichée des missions d’observation

© RFI/Paulina Zidi Des Ivoriens à Abidjan devant une affiche de la Commission électorale (CEI) à la veille des élections législatives, le 5 mars 2021.

Ce samedi, les électeurs ivoiriens sont appelés aux urnes pour les élections législatives. Au total, 255 sièges sont à pourvoir. Une élection qui sera scrutée de près par les missions d’observation qui sont déployées sur tout le territoire. Des missions qui ont fait le point à la veille du scrutin et ont affiché leur optimisme.

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« Ce scrutin-là vient un peu comme le second tour de la présidentielle qui n’a pas eu lieu. Pour nous, tous les contextes locaux, même les plus particuliers, méritent d’être observés avec attention », et c’est la mission que s’est donnée Arsène Konan, le directeur des programmes d’Indigo. L’organisation de la société civile annonce le déploiement de près de 500 observateurs nationaux sur l’ensemble du territoire. C’est moins que pour la présidentielle où ils étaient près de 1 000 sur le terrain.

Un choix logique pour Arsène Konan, car si l’enjeu est important, le climat est lui bien différent : « Comme tout le monde le constate, ces législatives approchent à grands pas, mais l’environnement de façon globale est relativement apaisé contrairement à ce que l’on a connu lors de la présidentielle du 31 octobre 2020. Et nous nous en réjouissons, et nous espérons que le 6 mars, les élections se tiendront dans les conditions actuelles et qu’il n’y aura pas de remue-ménage. Les signaux sont assez positifs. Nous savons que les Ivoiriens ont tiré les leçons de la présidentielle. »

Et ce constat semble partagé par tous les observateurs. La campagne s’est déroulée dans le calme. Pour Namizata Sangaré, la présidente du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), les recommandations faites après une présidentielle émaillée de violences, qui ont fait 87 mort, ont porté leurs fruits : « Je ne suis pas dans le même état d’esprit que la présidentielle, ce n’est pas le même enjeu, c’est pas le même type de mobilisation, c’est d’abord des élections locales. Vous avez des autorités décentrées qui s’impliquent et notamment les chefs traditionnels. Les populations nous ont rassurés. Nous pensons que les messages qui ont été passés auront un réel impact. »

Des gestes politiques

Ce qui changé, pour l’observateur international Valdiodio Ndiaye, ce sont les gestes politiques de la fin d’année 2020 : « L’élément déclencheur de ce climat, ce sont les accords politiques et l’implication de la société civile et d’autres franges de la société ivoirienne. Ça a permis un certain apaisement et je pense qu’objectivement, on peut dire qu’il y a eu une évolution positive. Nos recommandations ont été prises en compte car c’était des recommandations quasi globales de tout le monde de la nécessité des acteurs politiques de s’assoir autour d’une table. » Il est à la tête de la mission internationale du centre Carter et de l’institut Eisa. Il table sur un déploiement d’une quarantaine de personnels.

La mission sera présente presque partout, mais il a quand même fallu faire des choix, cibler des zones et notamment les circonscriptions à fort enjeu, celle ou la tension électorale reste forte pour Valdiodio Ndiaye : « Le postulat de départ sur lequel nous travaillons d’habitude, c’est que les élections, c’est des moments d’enjeux et cela génère toujours des éléments de tension assez élevés, compte tenu notamment que l’on se bat pour l’accès à des positions de décision. C’est évident que souvent ça crée des tensions et particulièrement en Afrique. Donc sur ce rapport-là, ce que nous avons tous constaté, c’est qu’on se concentre de manière très précise sur une méthodologie de monitoring de toutes les étapes du processus électoral pour essayer de surveiller toutes les tendances qui se dégagent. D’un point de vue sécuritaire, nous avons constaté que cela s’est calmé, mais les enjeux sont là, les enjeux sont politiques. » Les équipes seront renforcées sur Abidjan, mais aussi dans l’est du pays.

Une observation dynamique

Des équipes qui terminent ce vendredi leur formation. Les QG des différentes missions s’installent à Abidjan dans les grands hôtels d’affaires, principalement sur le quartier du Plateau. Si la coordination et la centralisation des informations se font dans la capitale économique, les responsables assurent que leurs observateurs seront au plus près du terrain. La mission du CNDH affiche un taux de couverture de 20% des lieux de vote. Une observation que Namizata Sangaré veut dynamique : « Nous ne faisons pas une observation passive, nous observons aussi l’environnement. Est-ce qu’il n’y a pas d’empêchement, est ce que les populations sortent ? En plus des lieux de vote, les observateurs vont se déployer dans la ville, regarder le calme, observer s’il a des incidents. On fait du monitoring, c’est-à-dire que l’on fait remonter directement les dysfonctionnements aux administrations concernées. Et nos remontées sont suivies d’effet. »

Des remontées, le CNDH en a déjà fait pour ces législatives et Namizata Sangaré prévient, il ne faudra pas baisser la garde : « Nous avons documenté 15 incidents sur l’étendue du territoire qui ont été tout de suite circonscrits. Nous souhaitons vraiment que cela se poursuive jusqu’à la proclamation des résultats et même après la proclamation des résultats. Parce que ça aussi, il faut observer pour voir un peu comment la population, les candidats, se comportent vis-à-vis des résultats proclamés. »

Et cet appel au calme jusqu’à la fin du processus électoral, il est aussi porté par toutes les missions. Elles espèrent que ce climat propice à faire leur travail perdura. « Ce contexte plus serein, c’est quand même de nature à faire un travail plus pointu, car l’objectif final, c’est de faire des propositions fortes aux autorités de Côté d’Ivoire en vue de l’amélioration des prochains processus électoraux », conclut en effet Valdiodio Ndiaye de la mission Carter/Eisa.

  Source: Rfi