Les jeunes Tunisiens qui manifestent aux quatre coins du pays peuvent-ils jouer un rôle dans son avenir politique ? Le conseiller en communication Kerim Bouzouita décrypte les causes et les perspectives de leur mouvement.
Dix ans après la révolution, les slogans de « liberté, emploi, dignité » n’ont plus cours. La colère des jeunes dit aussi bien leur rejet du pouvoir que leur volonté d’en découdre. Depuis le début de l’année, ils mettent en scène leur ras-le-bol dans le centre-ville de Tunis. Sur l’avenue Bourguiba, entre ficus et cordons de police, les attroupements bigarrés surprennent.
Kerim Bouzouita : Le phénomène n’est pas isolé du reste du monde. Il s’agit de l’expression d’un ras-le-bol, en réaction à la crise que vit la civilisation humaine dans un épisode d’une extrême violence, marqué par la pandémie, l’individualisme libéral et le capitalisme suicidaire. Au niveau local, les manifestations auxquelles nous assistons surgissent à une date anniversaire symbolique, dix ans après le soulèvement populaire porteur d’une promesse de révolution.
Cette révolution était l’espoir d’un nouveau pacte social, supposé fonder la légitimité de l’État et de l’exercice du pouvoir par les élus et l’exécutif sur le consentement volontaire des citoyens. Les forces politiques qui ont participé à la transition démocratique ont échoué à refonder ce pacte social, cela ne va pas sans conséquences. Les grands perdants de l’exercic
Source: Jeune Afrique