À la Une : drame de l’émigration clandestine

(Image d'illustration) REUTERS/Hani Amara/File Photo Migrants au Centre d'Anti-immigration clandestine à Tripoli, Libye. Photo datée du 10 septembre 2017.

« Doudou Faye caressait le rêve de devenir footballeur professionnel en Europe. Il est mort en octobre dernier, pointe le quotidien 24 Heures, dans les eaux de l’émigration dite clandestine. Le cas tragique de cet adolescent a suscité émotion et indignation au Sénégal, et à l’étranger. Son père avait payé 250 000 FCFA à un passeur. »

Lui et deux autres pères de famille « ont été reconnus coupables hier par le tribunal de Mbour, à 80 km de Dakar, pour mise en danger de la vie de leurs enfants en les embarquant sur des pirogues à destination de l’Europe. Le juge n’a pas suivi la volonté du procureur, relève 24 Heures, qui avait requis deux ans d’emprisonnement contre les trois parents. Les trois contrevenants ont été condamnés à un mois ferme. Le tribunal les a relaxés du délit de complicité de trafic de migrants. […] Depuis quelques mois, pointe encore le quotidien dakarois, les départs reprennent de plus belle, depuis les plages de Mbour, Dakar ou encore Saint-Louis. Des dizaines de candidats au voyage s’entassent sur des pirogues surchargées qui tentent de rejoindre l’Espagne en dépit de conditions météorologiques difficiles dans l’Atlantique en cette période de l’année. Les récits dramatiques se succèdent dans les journaux : des embarcations qui prennent l’eau, des moteurs en surchauffe et des pêcheurs ramenant des corps. »

Tous ces parents africains…

« Ce triste tableau n’est pas que celui du Sénégal, estime Aujourd’hui à Ouagadougou. Le procès de Mbour n’est pas que celui du “père” du jeune Doudou Faye. C’est le jugement de tous ces parents africains qui regardent volontairement ou involontairement le fruit de leurs entrailles se lancer à l’assaut des monstres aquatiques de la mer pour ensuite abattre, s’ils survivent, des travaux devant lesquels Hercule lui-même pourrait trouver à rechigner. Certes, pointe encore Aujourd’hui, le gouvernement sénégalais veut lutter contre les départs massifs vers l’hypothétique eldorado. […] Mais ce n’est certainement pas en s’attaquant aux familles qu’il a de fortes chances de réussir ce pari. »

Les responsables : les Etats africains et l’Occident

« Ce procès est aussi celui de l’État sénégalais », renchérit Le Pays toujours au Burkina. « Mais au-delà de la responsabilité des États africains, c’est aussi celle des dirigeants occidentaux qui est ici engagée. En maintenant l’ordre économique actuel, le fossé entre pays riches et pays pauvres ne cesse de se creuser en raison de l’inégale répartition des ressources mondiales. Ce déséquilibre économique, accompagné d’une démographie en pleine expansion sur le continent africain, constitue une source de tensions génératrices de l’exode des populations, notamment de la frange la plus jeune, en direction des pays riches. »

 Demba Ba : le tacleur antiraciste !

Et puis « Demba Ba, un grand pas pour l’humanité », s’exclame le site d’information Seneplus : « le footballeur sénégalais est devenu hier soir le héros de la rencontre de Ligue des champions PSG-Istanbul en demandant à l’ensemble des joueurs de rentrer au vestiaire à la suite de propos racistes tenus par le quatrième arbitre de la rencontre. Un message entendu. Et donc un message fort. […] “En parlant d’un gars blanc tu dis “ce gars” et non “ce gars blanc”, donc, pourquoi tu dis “ce gars noir” pour parler d’un gars noir ? a lancé Demba Ba au quatrième arbitre. […] Que Demba Ba soit à l’initiative de ce geste fort n’est finalement pas une surprise, relève encore Seneplus. Il y a quelques mois, alors que Romelu Lukaku avait été victime de cris de singe du côté de Cagliari, l’ancien buteur de Chelsea s’était révolté sur Twitter : “Voilà la raison pour laquelle j’ai décidé de ne pas jouer en Italie lorsque j’en avais la possibilité, avait-il écrit. À ce stade, j’espère que tous les joueurs noirs vont quitter ce championnat”. »

En effet, « Demba Ba est un habitué du tacle antiraciste », rappelle le site Seneweb : un racisme auquel l’international sénégalais a eu à faire face à de nombreuses reprises dans sa carrière. Et dont il a fait un cheval de bataille. « En avril dernier, alors que deux experts avaient indiqué à la télévision française qu’il était logique de tester un futur vaccin contre le Covid-19 en Afrique, il avait taclé : “Bienvenue en Occident, là où le Blanc se croit tellement supérieur que racisme et débilité deviennent banalité. Il est temps de se lever”. » 

 

  Source: Rfi