Si le président Mahamadou Issoufou a franchi un grand pas en renonçant à se représenter au terme de son mandat, cela ne suffit pas à faire du Niger une démocratie exemplaire.
Les élections de décembre 2020 au Niger sont uniques en Afrique de l’Ouest pour une raison majeure : le président Mahamadou Issoufou, élu pour la première fois après un coup d’État militaire en 2010, promet de respecter la Constitution en se retirant le 7 avril 2021, date qui marque la fin de ses deux mandats.
Le 31 mars 2019, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) a officiellement validé la décision de Mahamadou Issoufou de faire de Mohamed Bazoum son dauphin pour la présidentielle de 2020-2021. Si Bazoum est élu, ce sera la première fois au Niger que le pouvoir sera transféré d’un président élu à un autre.
À première vue, cela semble être une rare opportunité pour une transition pacifique dans une région où les dirigeants de pays comme la Côte d’Ivoire et la Guinée s’accrochent au pouvoir.
Un héritage controversé
Cependant, la démocratie ne se résume pas à la rotation pacifique des présidents et le président Issoufou laisse derrière lui un héritage controversé. Son gouvernement a introduit une législation restrictive comme la loi sur la cybercriminalité qui a été utilisée de manière constante pour cibler les voix critiques.
Au cours des dix dernières années, les manifestations pacifiques ont été violemment réprimées et l’état d’urgence sécuritaire et sanitaire sert aussi à prévenir et à empêcher les manifestations.
Le régime du président Issoufou a eu recours à des détentions et des arrestations arbitraires pour réduire au silence les membres de l’opposition politique et de la société civile, rendant impossible pour la population d’exprimer ses préoccupations concernant le gouvernement et de lui demander des comptes. L’indépendance du pouvoir judiciaire et de la Commission électorale indépendante (CENI) a été remise en question.
Source: Rfi