Maroc : le leader politique Mahjoubi Aherdane n’est plus

© DR Figure incontournable de la sphère politique marocaine contemporaine, Mahjoubi Aherdane a notamment fondé le Mouvement populaire (MP).

Figure incontournable de la vie politique du royaume pré et post-indépendance, le fondateur du Mouvement populaire a rendu l’âme après une longue maladie.

 Le leader politique Mahjoubi Aherdane, figure historique du Maroc contemporain, est décédé, dimanche matin à Rabat après une longue maladie.

On lui attribuait l’âge de 100 ans, l’intéressé ne connaissant pas lui-même sa date de naissance précise — « il n’y avait pas d’état civil à l’époque », affirmait-il dans une interview au Journal Hebdomadaire en 2009.

Natif de Oulmès, il était avec Abdelkrim Al-Khatib (1921-2008) le fondateur en 1957 du Mouvement populaire (MP), parti fortement marqué par l’identité amazighe. Mahjoubi Aherdane avait également occupé la tête de divers ministères jusqu’au début des années 1980, dont celui des Postes et des télécommunications.

Figure du nationalisme

Il a surtout fait partie du premier gouvernement marocain entre 1961 et 1964 en tant que ministre de la Défense. En août 1964, Mahjoubi Aherdane a été nommé ministre de l’Agriculture, avant de revenir à la tête de la Défense entre février 1966 et mars 1967. En 1977, il est nommé aux Postes et aux télécommunications.

Mahjoubi Aherdane n’a pas attendu l’indépendance (1956) pour s’engager auprès de Mohammed V. Il s’oppose ainsi au sultan Mohamed Ben Arafa et au Pacha El Glaoui de Marrakech lors de l’exil du souverain, en 1953, ce qui lui vaudra sa révocation de son poste de caïd à Oulmès par le résident général de France de l’époque, le général Guillaume.

PENDANT L’EXIL DE MOHAMMED V, IL S’OPPOSE AU SULTAN MOHAMED BEN ARAFA ET AU PACHA EL GLAOUI

Durant cette période, il fait connaissance avec des figures du nationalisme marocain comme Mehdi Ben Barka et Allal El Fassi. À l’indépendance, il devient gouverneur de Rabat.

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Son parti remportera quelques succès législatifs, en particulier en 1970, après la révision constitutionnelle, où le MP devient le second parti du pays en termes de nombre de sièges. Il demeure secrétaire général du MP jusqu’en 1986, date à laquelle il est écarté au profit du futur ministre de l’Intérieur Mohand Laenser lors d’une conférence extraordinaire du parti.

Zaïm amazigh

Mahjoubi Aherdane crée alors le Mouvement national populaire (MNP) en 1991, parti qui obtiendra 25 sièges à la Chambre des représentants après les élections législatives de 1993.

En 2006, les scissions du Mouvement populaire, y compris le Mouvement national populaire, reviennent dans le giron de la maison-mère. Mahjoubi Aherdane redevient alors président du parti.

AVEC HASSAN II, IL A EU DES RELATIONS PARFOIS MOUVEMENTÉES

Avec Hassan II, ce zaïm berbère qui se disait « plus monarchiste que le roi » aura des relations parfois mouvementées, notamment lorsqu’il déclare lors d’un meeting à Chefchaouen au début des années 1970 que le souverain doit rendre au peuple la loyauté dont ce dernier fait preuve à son égard.

Au-delà de son activité politique, et de la rédaction en deux tomes de ses Mémoires (parues en 2014), Mahjoubi Aherdane ne dédaignait pas les arts plus tranquilles que sont la peinture et la poésie.

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Il a notamment laissé des dessins et des compositions d’inspiration surréaliste qui détonaient avec son idéologie très conservatrice et dont il affirmait vivre. Au journaliste du Journal Hebdomadaire qui soulignait son activité artistique à ses « heures perdues », il répondit « mes heures ne sont jamais perdues. La peinture, c’est ma passion. Je m’y retrouve. »

Ses funérailles ont lieu le 16 novembre à Oulmès.

  Source: Jeune Afrique