Amadou Toumani Touré : la mort de l’ancien président du Mali

AP Photo/Pankaj Nangia. L'ancien président malien Amadou Toumani Toure à New Delhi (Inde), le 8 avril 2012.

Le Mali est en deuil. Amadou Toumani Touré dit ATT est décédé dans la nuit du lundi 9 et mardi 10 novembre en Turquie à l’âge de 72 ans. L’ancien président malien, chassé par un coup d’État en 2012, avait subi une opération du cœur à l’hôpital Le Luxembourg de Bamako, qu’il avait fondé avec son épouse, avant d’être évacué en Turquie. Après avoir dirigé une période de transition au début des années 90, il fut président de la République du Mali du 8 juin 2002 jusqu’au coup d’Etat du 22 mars 2012.

Amadou Toumani Touré voit le jour le 4 novembre 1948 à Mopti, dans l’ancien Soudan français, l’actuel Mali. Rapidement, il intègre l’armée au sein du 33 ème Régiment des commandos parachutistes et devient commandant.

En mars 1991, après les manifestations populaires réprimées dans le sang, il participe au coup d’Etat contre Moussa Traoré, prend la présidence du Comité de transition pour le Salut du Peuple et assure les fonctions de chef de l’État pendant la transition démocratique.

Élection présidentielle de 2002

En 2001, il demande et obtient sa mise en retraite anticipée de l’armée. Il décide de se lancer dans la vie politique en déposant sa candidature pour l’élection présidentielle de 2002. Il est élu président de la République le 12 mai 2002 avec 64,35 % des voix au second tour. Son adversaire Soumaïla Cissé, ancien ministre, obtient 35,65 % des voix.

Deuxième mandat (2007-2012)

Amadou Toumani Touré est réélu président de la République le 29 avril 2007 dès le premier tour. Il obtient 71,20 % des suffrages tandis que son principal concurrent, Ibrahim Boubacar Keïta, ne recueille que 19,15 % des voix. Celui-ci conteste, à l’instar des autres candidats de l’opposition réunis au sein du Front pour la République et la démocratie, les résultats en raison de fraudes.

Coup d’état militaire de 2012

Dans la nuit du 21 au 22 mars 2012, il est renversé par un coup d’Etat. Les mutins du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo, dénoncent la gestion du conflit au nord Mali entre l’armée et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).

Le 8 avril 2012, exilé à Dakar, au Sénégal, depuis le coup d’Etat, il annonce officiellement sa démission et mène dès lors une vie très discrète. Son expatriation coïncide avec l’arrivée au pouvoir de l’actuel président sénégalais, Macky Sall, avec qui il nouera des liens étroits. Il est le premier dirigeant à l’international à avoir réagi, mardi matin, à sa disparition. 

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Retour au pays en 2017

Menacé d’un procès pour “haute trahison”, accusé de passivité d’Etat pour ne pas avoir fourni suffisamment de moyens à l’armée dans sa lutte contre l’insurrection au nord-Mali, il ne revient au pays que cinq ans plus tard, en décembre 2017, à bord d’un avion dépêché par le président d’alors, Ibrahim Boubacar Keïta dit “IBK”.

Son arrivée, avec sa femme et ses deux filles, se fait dans la liesse alors qu’il bénéficie encore d’une certaine sympathie auprès de la population et de ses partisans au sein du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES). Dans la foulée, “IBK”, l’invite à partager, à la résidence présidentielle, “un déjeuner entre frères”.

L’année précédente, l’Assemblée nationale avait, à une écrasante majorité, rejeté toutes poursuites à son encontre.

Sa visite n’est que de courte durée et, après quelques jours, il reprend la direction du Sénégal. Son retour définitif n’intervient finalement qu’en décembre 2019. Il est accueilli par un millier d’affidés à son domicile privé.

Quelques jours plus tard, il participe à la célébration du 100ème anniversaire de la création de sa ville natale, Mopti, événement lors duquel il déclare : “Je m’investirai, je ferai tout ce qui est possible (en me basant) sur l’expérience que j’ai acquise, parce que je suis avant tout un soldat​.”

La France et les dirigeants africains réagissent

A la suite de Macky Sall, son homologue ivoirien, fraîchement réélu, Alassane Ouattara, a lui-aussi fait part “de sa grande tristresse” en apprenant le décès de “[son] frère”.

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La France, via son ambassade au Mali, évoque un “homme de devoir” qui “incarnait à bien des égards l’histoire récente du Mali” et rappelle “les liens d’amitié” qui unissaient Jacques Chirac à ATT. Ce dernier avait d’ailleurs organisé des funérailles dogon en l’honneur de l’ancien président français, en février dernier.

 

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Le président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, a présenté ses condoléances à “Nation malienne et à sa famille” en se rappelant d’un homme d’Etat, “qui a servi le Mali avec un sens élevé du devoir.”

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Source ;Tv5 Monde