Tôt ce mardi matin 20 octobre, la prison de la ville de Béni, dans la province du Nord-Kivu, a été attaquée par des éléments du mouvement ADF selon certaines autorités. Des centaines de prisonniers auraient été libérés.
C’est une incursion qui a été soigneusement menée, vers 4 heures du matin, heure locale. Le maire de la ville parle d’une opération qui a été menée en deux temps. Lourdement armé, un premier groupe a visé la position de l’armée aux alentours de la prison. Un deuxième groupe s’est attaqué directement au complexe carcéral. Les principaux portails ont été cassés et les prisonniers sont sortis. Le maire de la ville, cité par l’AFP, parle de 900 personnes dans la nature.
Il y a eu des échanges des tirs entre forces de l’ordre et de défense avec ces assaillants armés, qui sont, selon des autorités, des combattants du mouvement d’origine ougandaise ADF (Allied democratic forces). Ces combattants de l’ADF justement avaient leurs camarades incarcérés dans cette prison.
« Les détenus qui ont été pris en otages par les assaillants ont été amenés par ces mêmes assaillants dans la brousse, explique le maire intérimaire de Béni Modeste Bakwanamaha. Certains ont réussi à s’échapper. Ils sont en train de revenir en petits nombres. D’autres détenus pris en otage sont allés jusque dans le parc national des Virunga où vivent les ADF. Dans la prison il y avait les détenus ADF. Nous pensons qu’ils sont venus libérer les leurs et faire des otages des autres détenus. Les procès allaient commencer d’ici début novembre et nous pensons qu’ils voulaient soustraire leurs camarades de cette activité-là. Et malheureusement, ils ont pris avec eux d’autres détenus pour en faire des otages. L’heure est à la désolation. »
« Nous craignons que l’insécurité soit encore grandissante en ville, s’inquiète Kizito Bin Hangi président de la société civile de la ville de Béni. Nous craignons également que les populations, les acteurs des droits de l’homme, les acteurs de la société civile qui ont milité pour que les criminels soient arrêtés, ces gens risquent d’être maintenant victimes de menaces de la part de ces fugitifs. Mais il y a aussi parmi ces prisonniers évadés des criminels qui ont commis des assassinats, des meurtres qui étaient déjà condamnés. Et il y avait également parmi les détenus, les assaillants ou les personnes arrêtées soupçonnées d’être ADF et Mai Mai. Nous sommes inquiets que les traces viennent d’être effacées. On attendait les audiences, on attendait que les présumés ADF soient aussi auditionnés, et qu’ils disent la vérité sur les massacres. Mais tout ça vient vraiment de disparaitre. »
La situation est confuse autour de la prison qui a déjà connu des événements de ce type. En 2017, au moins 900 prisonniers s’étaient également évadés suite à une autre attaque menée par des combattants armés.
Source : rfi