Le groupe EIGS étend son emprise dans le nord du Niger

(Image d'illustration). © RFI Des militaires nigériens dans le Tillabéry où il y a eu des massacres perpétrés par des jihadistes

Au Niger, les ministres de l’Intérieur, de la Défense et de l’Action humanitaire se sont rendus jeudi sur les lieux du massacre de Tillia, dans la région de Tahoua, au Nord du pays. Plusieurs attaques ont lieu ces dix derniers jours dans la région. Tout porte à croire qu’elles seraient menées par le groupe Etat islamique dans le grand Sahara (EIGS). L’EIGS a largement étendu son emprise sur cette partie de la zone des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina-Faso.

Dimanche des hommes armés ont tué 157 civils dans des campements nomades. Des sources locales parlent d’un bilan qui dépasserait même les 200 victimes. Mercredi, au moins 13 personnes ont été tuées dans la région de Tillabéry à l’ouest du pays. Dix jours à peine après l’attaque de Banibangou, toujours dans le Tillabéry, qui avait fait 66 morts.

Depuis 2020, le Tillabéry et la région de Tahoua sont devenus des bases de repli pour l’EIGS. Avant installé vers Ménaka, dans le nord-est du Mali, ce groupe a été repoussé de l’autre côté de la frontière par la force française Barkhane et ses alliés, mais aussi par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, autre faction terroriste dans la région.

L’EIGS souffle « sur les braises des tensions communautaires »

Un an plus tard, l’EIGS a repris des forces, notamment grâce à une capacité importante de recrutement dans ces zones isolées, où les populations se sentent abandonnées. « L’EIGS a des liens solides au Niger avec certaines communautés, explique un analyste sécuritaire, au détriment d’autres, qui s’opposent à collaborer et subissent des attaques violentes. »

« Souffler sur les braises des tensions communautaires, cela fait partie intégrante de leur stratégie », explique un combattant dans la région.

Le calendrier, également, n’aurait pas été laissé au hasard. « Même si ces attaques pourraient être en lien avec de conflits aux racines locales, les chefs de l’EIGS ont probablement apprécié l’opportunité de marquer à leur manière l’élection récente à la tête du Niger de Mohamed Bazoum, explique Lemine Ould Salem, journaliste, spécialiste des groupes jihadistes dans le Sahel. Ancien ministre de l’Intérieur, Mohamed Bazoum est l’un des architectes majeurs de la politique sécuritaire du pays. »

  Source: Rfi