Présidentielle ivoirienne: Henri Konan Bédié en appelle à l’ONU

REUTERS/Macline Hien L'ancien président Henri Konan Bédié à la tribune du rassemblement de l'opposition, le 10 octobre à Abidjan.

Des milliers de militants et sympathisants de l’opposition se sont réunis ce samedi 10 octobre au stade Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan pour un grand meeting contre la candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat et pour une réforme de l’environnement eléctoral avant la présidentielle du 31 octobre.

 Henri Konan Bédié a une nouvelle fois dénoncé le « viol de la Constitution », accusant notamment Alassane Ouattara de « haute trahison » et le Conseil constitutionnel de « parjure ». « La dictature du RHDP sera vaincue », a lancé l’ancien président ivoirien, qui en appelle à l’ONU :

« Je demande ici solennellement au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres de se saisir du dossier ivoirien pour la mise en place d’un organe electoral véritablement indépendant et crédible avant l’élection présidentielle prévue le 31 octobre ». 

Une précision sur l’objectif a été faite par Pascal Affi N’Guessan.

« Le mot d’ordre de désobéissance civile vise à obtenir la transition politique pour la renaissance de la Côte d’Ivoire, a déclaré le candidat FPI. Tous les fils de ce pays vont s’asseoir autour de la même table pour panser les blessures de ces 30 ans d’affrontements, de conflits , de meurtrissures, de violences… »

Pas moins de 17 orateurs de l’opposition se sont succédé au pupitre pour dire leur refus de la candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat. Parmi eux l’ancien président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly du Lider. « Du fond de ce stade que vos voix puissent monter au firmament et rejoindre Alassane Ouattara là où il est pour qu’il entende qu’un peuple uni jamais ne sera vaincu. »

Plusieurs incidents

A l’issue de ce meeting les organisateurs ont accusé leurs adversaires d’avoir saboté ce qui devait être un rendez-vous crucial pour l’opposition, d’abord en entravant la venue des militants, en bloquant des cars, notamment à Aboisso dans le sud-est du pays. Et en bouclant le quartier du Plateau forçant les sympathisants à marcher des kilomètres jusqu’au stade.

Plusieurs témoignages font état aussi d’attaque ou du caillassage de bus transportant des militants de l’opposition. Ce témoin était dans l’un des cars attaqué à Yopougon par des délinquants souvent qualifiés ici de « microbes ». « Ils ont lancé des couteaux, des cailloux, des machettes. Ça a cassé toutes les vitres et ça a même blessé des passagers à l’intérieur. Nous avons dit au car d’accélérer… »

La sono a fait des siennes également lors des dernières interventions des leaders de l’opposition rendant quasi inaudibles plusieurs discours de hautes personnalités de l’opposition. Pour l’organisation comme pour cette militante PDCI, le régime a saboté ces discours à l’aide de brouilleurs.

« Ils ont tout fait pour que les meilleurs discours ne soient pas entendus. Non seulement ils ont empêché des gens de venir, ils les ont agressés, ils ont raconté n’importe quoi, des histoires pour tout saboter, parce qu’ils ont peur. Ils utilisent les forces de l’ordre pour nous intimider. C’est de l’abus, c’est n’importe quoi. »

Autre incident, le passage à tabac par la foule d’un jeune homme pris avec des armes blanches sur lui. Alors qu’il avait perdu connaissance il a été évacué in extremis par la sécurité.

La désobéissance civile il s’agit de dire qu’au bout d’un moment, Alassane Ouattara n’est plus crédible, n’est plus légitime et à partir de là, des actions vont être entreprises. Ce n’est pas le fait de faire des manifestations, mais il s’agit de dire qu’Alassane Ouattara nous ne le reconnaissons plus comme président de la Côte d’Ivoire.

   Source : rfi