Ce lundi soir, le ministère algérien de la communication a annoncé ne plus autoriser la chaîne de télévision française à opérer dans le pays, et menacé de poursuites pénales. La veille, M6 avait diffusé le documentaire « Algérie, le pays de toutes les révoltes » dans l’émission Enquête exclusive. Alger fustige des « témoignages insipides », des « clichés les plus réducteurs » et « une somme d’anecdotes sans profondeur », et accuse M6 d’avoir utilisé une « fausse autorisation de tournage » et d’avoir « executé un agenda visant à nuire à l’image de l’Algérie ». La chaine, elle, défend l’équipe, qui a, assure-t-elle, « travaillé dans le respect des principes déontologiques de leur profession ».
La société de production mandatée par M6 a-t-elle tourné en douce en Algérie ?
La réponse est non, selon la chaîne. Dans un communiqué publié ce mardi après-midi, elle affirme avoir reçu le 21 mai 2018 une autorisation pour un film donnant à voir « une fresque sociologique de l’Algérie moderne », via le suivi de trois jeunes Algériens, parfois en caméra caché. Une autorisation prorogée à quatre reprises durant le tournage, d’avril à octobre 2019.
Pendant cette période, insiste la chaine, « l’équipe de tournage a été contrôlée à plusieurs reprises et laissée libre de continuer son travail » après avoir présenté ces documents. Seule autorisation rejetée, selon M6, une demande de tourner un plateau avec le présentateur Bernard de La Villardière à Oran. Plateau qui n’a donc pas été réalisé.
Intervenants menacés
Le ministère algérien de la communication assurait ce lundi que les personnes filmées avaient pris contact avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel français, afin de dénoncer une « manipulation, hors de tout professionnalisme, de toute déontologie et de toute morale ». Mais ce mardi soir, le CSA n’était pas en mesure de confirmer avoir été saisi.
La chaine dit ne pas vouloir spéculer sur les raisons qui ont poussé une des intervenantes, Noor, une influenceuse beauté très suivie sur les réseaux sociaux, a publié un texte dans lequel elle regrette sa participation. Mais M6 fait valoir qu’en mai dernier, des personnes figurant dans un autre documentaire diffusé sur France 5 en avait fait de même après avoir reçu de très nombreuses et violentes menaces.
Liberté d’expression « garantie »
De son côté, Reporters Sans Frontières dénonce les « accusations graves » portées par Alger, accusations survenant dans un « contexte difficile » pour la liberté de la presse en Algérie, et y voit un acte de « censure » et un « aveu de faiblesse du pouvoir ».
RSF note également qu’à l’heure de diffusion du reportage sur M6 ce dimanche soir, le président algérien Abdelmadjid Tebboune était en interview sur plusieurs chaines télévisées algériennes, assurant que la liberté d’expression était « garantie » dans le pays.
Source : rfi