La pandémie de Covid-19 a créé une crise sanitaire inédite. La quasi-totalité de la population mondiale s’est retrouvée enfermée à domicile et contrainte de revoir ses habitudes de vie du tout au tout. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation Internationale du Travail (OIT) ont fortement fait la promotion des mesures barrières, conditions sine qua non pour la limitation de la propagation de la pandémie. Des concepts innovants et de nouveaux mots sont devenus d’usage courant et c’est bien en période de crise que se mesure les engagements RSE d’une entreprise.
Alors que la plupart des agences internationales préconisaient un avenir sombre pour les employés et les employeurs en Afrique, force a été de constater que la destruction de 20 millions d’emplois estimée par les prévisions comme dommage collatéral découlant de la crise économique générée par la Covid-19 n’a pas eu lieu. Bien plus, de nombreuses entreprises ont pris les devants en usant d’innovation afin de préserver les emplois et même d’en créer des nouveaux, à l’instar du géant chinois Huawei présent sur le continent (Égypte, Maroc, Tunisie, Algérie, Côte d’Ivoire, Sénégal, Cameroun, République Démocratique du Congo…).
Afin de tirer une leçon des événements récents et de capitaliser les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour l’avenir, il y a lieu de faire un point pour comprendre comment les entreprises en Afrique se sont mobilisées en interne pour faire face à la crise sanitaire et comment elles ont conjugué protection des salariés et poursuite de leur activité.
La mobilisation des entreprises face à la crise
Les deux principales solutions recommandées par l’OIT sont : le recours au télétravail et l’observation des mesures barrières. La mise en œuvre d’un système de travail à distance en Afrique n’est pas toujours évidente. Si même il était possible de faire abstraction du faible taux de pénétration d’internet et de l’insuffisance des équipements de travail à usage privé, alors ce serait la nature même des activités qui porterait naturellement un frein à l’implémentation du télétravail. Avec une économie reposant majoritairement sur les secteurs primaires et tertiaires, il est vrai que cette alternative n’est pas à la portée de la plupart des entreprises.
Toutefois, certaines entreprises de prestations de service ont testé ce modèle de fonctionnement avec plus ou moins de succès. Les entreprises du secteur du conseil et de l’accompagnement ont notamment eu plus de facilités à intégrer cette nouvelle modalité de travail. Pour encourager le télétravail et en assurer les meilleures conditions, Huawei a notamment pris un ensemble de mesures en totale adéquation avec le contexte socioprofessionnel local à travers la publication d’un guide du travail à distance ; la mise à disposition d’outils de travail à distance (casque, support de clavier, etc.) aux employés ou encore l’octroi de subventions de forfait mobile.
L’application effective des mesures barrières
Seule une faible partie des employés africains peuvent être mis en télétravail. Il a fallu trouver des moyens pour garantir la connaissance, la compréhension et la mise en application des mesures barrières par tout le personnel chargé d’assurer la continuité du service. Des outils tels que la « Check-list des mesures à prendre pour la prévention et la limitation de la propagation de la COVID-19 » mis à disposition sur le site de l’OIT ont permis aux PME et même aux grandes entreprises de procéder à une meilleure évaluation des risques inhérents à la pandémie et de les gérer plus aisément. L’entreprise chinoise s’est également inscrite dans cette démarche en mettant l’accent sur la prévention et la sensibilisation de ses employés. La plateforme Novel Coronavirus Toolbox Talk a ainsi été créée pour répondre aux questions des employés sur la pandémie.
D’autres bonnes pratiques ont été observées notamment dans les PME qui ne disposent pas d’assez de moyens pour apporter tout le matériel nécessaire pour la protection individuelle des employés. La distanciation sociale a généralement été leur principal outil de prévention. Ces entreprises ont pu réduire ainsi les risques de contamination en limitant le nombre de personnes présentes dans les locaux, tout en assurant la continuité de leurs services.
La préservation des emplois
À cause du ralentissement des activités, il n’a pas toujours été possible de maintenir la masse salariale. Même si de nombreuses entreprises ont préféré éviter les licenciements massifs, des réductions de salaire ont tout de même été observées notamment dans les PME et les TPE. Heureusement, des entreprises bien implantées ont pu assurer la sécurité de l’emploi de leurs employés tout en améliorant leurs conditions de travail à bien des égards.
Pour la RSE, les prochains mois seront charnières. Huawei peut à nouveau être citée à titre d’exemple, pour le remarquable tour de force qu’elle a effectué pour maintenir les salaires, les subventions et les primes dans leur intégralité. Certaines primes ont admirablement été augmentées et des indemnités spéciales ont été accordées aux employés qui étaient en poste pour assurer la qualité et la sécurité du réseau.
Par Cédric Ndawa, Coordonnateur des ressources humaines dans une entreprise industrielle