Le chef du Conseil souverain, le général al-Burhan, a demandé mardi 26 mai le retrait de la mission des Nations unies au Darfour. C’est la dernière d’une série de déclarations des autorités pour exiger le départ de la Minuad. Déployée depuis 2007, elle comprend plus de 6 500 hommes, casques bleus et policiers. Son avenir sera tranché fin octobre par le Conseil de sécurité, qui décidera de sa prolongation ou de son remplacement par une autre entité.
Des militaires, des ministres et même le chef du gouvernement veulent que la Minuad plie bagages. Ils souhaitent la remplacer par une force au mandat beaucoup moins robuste, sans casques bleus ni policiers. Le Premier ministre Hamdock a même écrit au Conseil de sécurité pour que la future entité soit dotée d’un statut beaucoup plus souple, qui l’empêcherait notamment de protéger physiquement les civils.
Pour le chercheur Ahmed Adam, l’armée ne veut plus que l’ONU interfère avec ses opérations dans les zones de conflit. « Une présence onusienne faible entraînerait aussi un affaiblissement du pouvoir civil face aux putschistes », dit-il, notamment après les élections.
La junte a reçu l’appui des islamistes. Pour le spécialiste Jean-Baptiste Gallopin, les religieux font un calcul. Ils vont dans le sens des militaires pour obtenir leur soutien afin d’obtenir plus de place dans la coalition civile. Là encore, à plus long terme, c’est la révolution qui serait affaiblie.
Sauf que des associations et groupes armés du Darfour, ainsi que des dizaines de représentants civils ont multiplié déclarations et pétitions pour le maintien des casques bleus. Tous rappellent que la révolution n’a pas mis fin à la crise du Darfour. Au contraire. Depuis le début de l’année, les combats souvent tribaux ont fait des centaines de morts. Le chercheur Adeeb Yousef estime que « La Minuad est plus que jamais nécessaire. Sans elle, ce sera le chaos ».
Source: rfi