Coronavirus au Cameroun: polémique suite à la fermeture des cagnottes en ligne

AFP Entrée de l'hôpital général de Yaoundé, au Cameroun, le 6 mars 2020.

Le ministre de l’Administration territoriale a ordonné aux opérateurs téléphoniques de fermer les comptes mobile de l’opération « Survie Cameroun ». Une opération de récolte de fonds, lancée en avril par l’opposant Maurice Kamto, destinée à la lutte contre le coronavirus. Dernier épisode de la lutte que se livrent l’opposant et le président Biya depuis la présidentielle contestée de 2018.

 Pour le ministre de l’administration territoriale Paul Atanga Nji cette collecte de fonds est tout simplement « illégale ». D’abord car « Survie Cameroun » qui supervise la collecte de fonds « ne figure pas » dans « le registre des associations reconnues ». Ensuite car tout « appel à la générosité publique » est soumis, dit-il, selon la loi à l’aval de son ministère.

« Il y a un fonds de solidarité qui a été mis en place par le chef de l’État. Alors s’il a une contribution à faire, il n’a qu’à le faire dans le cadre des structures légales mises en place par le gouvernement. On ne lui donnera aucune possibilité d’agir de manière parallèle. C’est ce qu’il veut faire. Mr Kamto ce n’est pas un État dans un autre État. Il doit respecter les lois de la République. Et s’il ne le fait pas on va le contraindre ». Le ministre dénonce une « imposture » et pointe trois risques. « Ca peut être une activité d’escroquerie, de blanchiment d’argent ou bien une activité criminelle en bande organisée. »

« Une cruauté sans nom » pour le camp Kamto

Olivier Bibou Nissack, le porte-parole de l’opposant de Maurice Kamto explique que cette levée de fond répond à une « nécessité humanitaire » tant la riposte des autorités face au Covid-19 est jugée insuffisance. Il accuse le ministre d’« abus de pouvoir ». « Ce n’est pas à un ministre d’ordonner directement à un établissement de téléphonie mobile la fermeture d’un compte de monnaie électronique », estime-t-il, et de sacrifier l’intérêt du peuple sur l’autel de querelles politiques.

 

« C’est d’une cruauté sans nom. Vous ne pouvez pas refuser et inciter à refuser que des tiers apportent leur aide à un peuple en danger. C’est tout simplement inacceptable. Mais nous sommes au regret de constater que la déshumanisation assumée du régime de Yaoundé est plus forte que la nécessité impérative de faire bloc contre le Covid. C’est une honte », estime Olivier Bibou Nissack. Le porte-parole de l’opposant assure que l’initiative prévoyait d’associer les autorités au comité de gestion des fonds récoltés. Mais que le compte bancaire censé servir à ce comité a déjà été clôturé à la demande du ministre début avril.

 

    Source : rfi