En Guinée-Bissau, la lutte contre le coronavirus freinée par la crise politique?

RFI/Charlotte Idrac L’autoproclamé président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo a investi Nuno Nabian au poste de Premier ministre, à Bissau, le 29 février 2020.

Aucun cas n’a été signalé dans le pays, mais l’épidémie touche désormais le Sénégal voisin au moment où la Guinée-Bissau est plongée dans une crise postélectorale, avec deux gouvernements cohabitant après la présidentielle de décembre. La lutte contre le Covid-19 est impactée par ce bras de fer politique entre le camp de Nuno Nabian, nommé par le nouveau président Umaro Sissoco Embalo, et celui du rival de ce dernier, Aristide Gomes, vainqueur des législatives.

 À l’aéroport de Bissau, une équipe est en place pour contrôler la température des passagers à l’arrivée. Mais face à une situation d’urgence mondiale, le pays n’est pas prêt, selon Magda Robalo.

« Cela m’inquiète que la Guinée-Bissau ait dû presque suspendre ses activités de prévention et de réponse à l’épidémie parce que, depuis dimanche, nous sommes dans l’impossibilité de travailler normalement, explique cette ministre de la Santé du gouvernement d’Aristide Gomes, limogé par Umaro Sissoco Embalo. Notre équipe a été chassée du ministère de la Santé. Nous n’avons pas pu avoir la mission pour former nos techniciens, nous apporter des réactifs de laboratoires et des kits diagnostics. Au-delà de la politique, il y a deux millions de Bissau-Guinéens qui sont laissés-pour-compte ».

 Le portefeuille de la Santé n’avait d’abord pas été pourvu dans le gouvernement nommé lundi 2 mars au soir, puis un ministre a finalement été nommé jeudi 5 mars.

La coalition de partis politiques qui soutiennent Umaro Sissoco Embalo fait toutefois confiance à la nouvelle équipe. 

« De toute façon, le gouvernement aura sa stratégie pour combattre le virus en question, certainement que le gouvernement va pouvoir travailler là-dessus, défend Victor Pereira, porte-parole du Parti de la rénovation sociale (PRS). Et je ne vois pas pourquoi la communauté internationale ne va pas travailler avec le gouvernement ».

Pourtant, ce nouveau gouvernement n’est pas reconnu pour l’heure par les organismes internationaux. Joint à Bissau, le bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) nous renvoie au ministère de la Santé… d’Aristide Gomes.

 

        Source : rfi