L’opposition guinéenne a maintenu lundi la pression contre la volonté prêtée au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat au cours de manifestations à travers le pays, pendant que le chef de l’Etat promettait des lendemains radieux à ses partisans en effectuant une visite en province.
“Non à une nouvelle Constitution”, “Non à un 3e mandat pour Alpha Condé”, pouvait-on lire sur des banderoles déployées dans un cortège de milliers de manifestants vêtus de rouge, en signe de colère, qui a défilé dans Conakry.
Les principaux opposants guinéens, dont les ex-Premiers ministres Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, ont pris part à cette marche organisée par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).
Réunissant des organisations de la société civile et des partis d’opposition, le FNDC mène une contestation qui a fait descendre les Guinéens par dizaines ou centaines de milliers dans la rue quasiment toutes les semaines depuis octobre.
“La marche d’aujourd’hui s’inscrit sous le signe de l’ultimatum”, a déclaré lundi à l’AFP le responsable national du FNDC, Abdourahmane Sanoh. Dès le 13 janvier, l’opposition compte multiplier les protestations quartier par quartier à travers le pays, a-t-il précisé.
Pendant ce temps, le président a effectué une visite dans la ville de Kindia (ouest), où la population lui a réservé un “accueil chaleureux”, a-t-il affirmé sur Twitter. Pour éviter des incidents pendant ce déplacement, une marche de l’opposition a été reportée après l’intervention de responsables locaux, notamment religieux, selon des sources concordantes.
“Je vous promets que ce que vous n’avez pas pu avoir, vos enfants l’auront. La Guinée va avancer, le soleil de la Guinée s’est levé”, a promis Alpha Condé à ses partisans, qui portaient des pancartes réclamant une nouvelle Constitution pour assurer le “développement de la Guinée”.
Dans ses voeux de nouvel an, le chef de l’Etat guinéen, élu en 2010 et réélu en 2015, a réitéré son projet d’organiser des législatives le 16 février, malgré les appels au boycott de l’opposition, et confirmé sa volonté de soumettre à la population un projet de réforme de la Constitution qui ouvrirait la voie à une candidature pour un troisième mandat.
Des manifestations ont également eu lieu lundi dans plusieurs villes du pays, dont Labé, Pita, Dalaba, Mamou Boké, Dabola, Télimélé, Fria ou Bofa, selon des témoins interrogés par l’AFP et le ministère de la Sécurité.
Dans l’est du pays, la situation a dégénéré à Kankan, où des affrontements entre partisans du pouvoir et opposants ont fait “au moins 12 blessés”, selon des sources sécuritaire et médicale. Dans un communiqué, le ministère de la Sécurité a fait état d’un blessé.
“Des maisons et des commerces appartenant à des peuls, ainsi que le siège du parti ont été vandalisés par des militants du Rassemblement pour le peuple de Guinée” (RPG, au pouvoir), a déclaré à l’AFP Cheick Mohamed Kaba, un responsable de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), parti d’opposition dont les membres sont majoritairement issus de la communauté peule.
A Kamsar (nord-ouest), les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants, selon un responsable local du FNDC, Alpha Diallo.
Avec voaafrique