Il faut remonter plusieurs siècles en arrière pour voir émerger les premières traces du poker, notamment dans des récits de voyageurs et de marins qui allaient partager cette nouvelle passion avec amis et famille. Depuis le départ, le jeu de cartes a dans son ADN cette faculté d’être apprécié par tous.
Mais il faudra attendre quelques décennies pour véritablement parler du jeu de cartes le plus apprécié au monde. Le cinéma dans les années 1960 va être très important en utilisant le poker dans plusieurs films mythiques. Puis ce fut au tour des gros tournois télévisés, notamment les championnats du monde de Las Vegas, de toucher un nombre encore plus important d’amateurs.
Le vrai boom a lieu à la fin des années 1990 avec l’arrivée d’internet. En effet, grâce à des plateformes dédiées, on pouvait désormais jouer derrière son écran d’ordinateur contre de parfaits inconnus, puis avec son smartphone peu importe où l’on se trouve. Le poker devenait ainsi mondial, enfin presque. Un continent restait un peu dans l’ombre, l’Afrique.
Les raisons d’un retard
Si l’Afrique reste l’endroit du monde où la pratique du poker est la plus faible, c’est tout d’abord dû à un retard technologique important. En effet, comme nous le précisions, le boom de ce jeu de cartes depuis 20 ans est avant tout dû à une explosion du nombre de joueurs sur internet. Il n’y a qu’à voir les articles de presse sur les chiffres incroyables en France, qui font toujours un focus sur la pratique numérique du poker.
Sur ce point, l’Afrique est clairement en retard. En effet, si l’on exclut les États arabes du continent, simplement un tiers de la population utilise internet au quotidien. Une proportion famélique quand on compare aux autres régions du globe. Il existe aussi un fossé énorme entre les citadins et les habitants de zones rurales qui n’ont la plupart du temps aucun accès à internet.
Et quand ce n’est pas un déficit d’infrastructures internet, c’est tout simplement les tarifs qui sont prohibitifs. Dans certains pays d’Afrique subsaharienne, les utilisateurs paient tout simplement des prix exorbitants pour quelques heures de connexion.
L’autre élément important est l’absence d’endroit pour jouer en physique comme des casinos ou des cercles de jeux. Ils sont bien trop rares et souvent cantonnés aux seules capitales des différentes nations africaines. Citons tout de même le Sénégal qui possède quelques casinos à Dakar et à Saint-Louis où de nombreux joueurs sont aperçus. Il existe même un circuit de tournois dans la capitale sénégalaise qui permet de réunir les meilleurs pros du continent.
Avec ces constats, difficile d’être optimiste pour voir le poker briller en Afrique. Mais il existe pourtant quelques motifs d’espoir.
Une révolution en marche
D’une façon plus globale, l’Afrique est en ordre de marche pour se révolutionner d’un point de vue économique. L’investissement massif des pays asiatiques ainsi que d’états comme la Turquie qui souhaite booster ses échanges commerciaux avec le continent, est une excellente nouvelle.
C’est aussi sur le point technologique que tout est en train de changer. L’internet mobile continue sa percée dans la plupart des pays, et certains proposent déjà des couvertures en 5G. On pense évidemment au Lesotho qui a déjà bien avancé sur ce sujet à défaut de réussir à mettre en place la fibre.
Le projet Starlink d’Elon Musk, qui permet de fournir internet par une connexion satellitaire à basse orbite, vient également de nouer un accord avec Africa Mobile Networks. Ce partenariat pourrait permettre à de nombreuses zones rurales de bénéficier enfin d’un internet rapide et fiable. En effet, AMN est un opérateur présent dans une dizaine de pays africains comme le Kenya, l’Ouganda ou le Niger.
Le dernier facteur de réussite pourrait être lié à l’émergence d’une star du poker venant d’Afrique. Pour le moment seuls des joueurs sud-africain et souvent exilé aux Etats-Unis ont réussi à s’établir sur le circuit professionnel. Mais certains noms comme Olawale Adekunle (Nigéria) ou Loutfi Charmonkly (Angola) pourraient susciter des vocations s’ils continuent de progresser ces prochaines années.