L’ancien président français, Nicolas Sarkozy, est renvoyé devant le tribunal correctionnel, pour un procès prévu en 2025, dans le cadre de l’enquête sur le financement libyen présumé, de sa campagne électorale, selon une information rapportée vendredi matin par la presse locale citant le procureur financier.
Il comparaîtra aux côtés de 12 autres personnes, soupçonnées d’avoir participé d’une manière ou d’une autre au dit financement, dont ses ex-ministres Claude Guéant, Brice Hortefeux et Éric Woerth, ainsi que des intermédiaires.
La décision des deux juges d’instruction vient ainsi suivre les réquisitions du PNF (parquet national financier) qui s’était prononcé en faveur d’un renvoi en correctionnel de l’ancien chef de l’Etat, dans une décision rendue en mai dernier au terme d’une enquête tentaculaire de près de 10 ans, ouverte en 2013 par les juges d’instruction pour des faits d’association de malfaiteurs, financement illégal de campagne électorale, recel de détournement de fonds publics, et corruption.
Malgré les dénégations de l’entourage de Nicolas Sarkozy, le 22 mai 2018, la chaîne France 2 avait diffusé une interview exclusive de Moftah Missouri, ancien conseiller et interprète du colonel Kadhafi dans laquelle il a déclaré que l’ex président libyen « a aidé Sarkozy » en lui fournissant « de l’argent » pour le financement de sa campagne électorale de 2007.
Son témoignage a ensuite été corroboré dans le même reportage par celui de l’ancien directeur de cabinet du colonel Kadhafi, Béchir Saleh. Filmé en caméra cachée, l’homme a admis que « Kadhafi avait un budget spécial pour les personnes qu’il souhaite soutenir » et affirmé « oui c’est vrai » concernant les accusations de financement libyen de la campagne présidentielles de Nicolas Sarkozy.
L’homme d’affaire Ziad Takieddine et ancien homme de main de Kadhafi apparaissait également dans le reportage de France 2. Il y a réitéré les accusations qu’il a toujours portées depuis le début de cette affaire apparue suite à la publication par le journal en ligne Mediapart en avril 2012, de documents indiquant que 50 millions d’euros auraient été versés par le régime libyen à Nicolas Sarkozy.
Mais au cours d’une longue interview accordée à Paris Match en 2020 et qui avait fait grand bruit, le franco-libanais avait fini, après des années d’accusations précises sur le dit financement libyen, par opérer un radical changement de version, accusant les magistrats en charge de l’enquête, de l’avoir forcé à mentir.
« Sarkozy n’a pas touché un centime, cash ou pas cash, pour l’élection présidentielle » avait-il affirmé dans les colonnes du magazine.
Des perquisitions ont par ailleurs été menées au domicile de l’ex-conseillère en image officieuse du couple Macron, Michèle Marchand, dite « Mimi Marchand » ainsi que chez le journaliste qui avait mené l’interview. Ce dernier avait cependant été relâché rapidement, sans poursuites à ce stade.
L’ancien président français (2007-2012) avait très rapidement réagi à la rétractation de Ziad Takieddine via son compte Facebook en annonçant avoir mandaté son avocat pour « déposer une requête en démise en examen et d’engager une procédure pour dénonciation calomnieuse contre Ziad Takieddine dont les précédentes allégations » lui ont « causé un préjudice considérable ».Nicolas Sarkozy s’était réjouit que « la vérité éclate enfin » et assurait que depuis « sept ans et demi, l’instruction n’a pas découvert la moindre preuve d’un quelconque financement illicite ».« Jamais il ne m’a remis d’argent, jamais il n’y a eu de financement illégal de ma campagne de 2007 » avait-il martelé dans son message. Il demandait par ailleurs à ce que « les autorités judiciaires fassent la lumière sur les graves accusations portées quant à l’impartialité de certains magistrats ».
Après une enquête de près de 2 ans, sur cette étrange rétractation, la justice a établi en avril dernier, que pas moins de 608 000 euros ont été mobilisés pour obtenir le volte-face par voie de presse de Ziad Takieddine.
Pour rappel, l’ex ministre de l’intérieur Claude Guéant et Nicolas Sarkozy sont soupçonnés par la justice française d’avoir reçu plusieurs valises d’argent provenant du régime libyen en 2006 et 2007 et qui auraient permis entre autres, à financer la campagne présidentielle de 2007.
Anadolu Agency