Dans une analyse approfondie, China Briefing a reproduit en anglais et commenté en détail l’un des deux accords conclus entre la Fédération de Russie et la République populaire de Chine : la « Déclaration commune de la République populaire de Chine et de la Fédération de Russie sur l’approfondissement du partenariat stratégique global sur la coopération dans une nouvelle ère ». Nous documentons le résumé de cette analyse, mais recommandons également la lecture de l’ensemble du texte.
La Chine et la Russie ont créé une plate-forme de base pour la création d’un nouvel ordre mondial et font les démarches nécessaires pour que cela réussisse. Déjà beaucoup de choses sont en cours. Dès maintenant, l’Organisation de coopération de Shanghai discute de la coopération et du développement avec l’Union économique eurasienne. Si l’on ajoute à cela les BRICS+ et l’initiative « Belt and Road », le monde est déjà très différent de ce qu’il était avant Covid. À l’époque, le président Poutine avait déclaré que le monde ne serait plus jamais comme avant. Il semble que le président Xi soit également de cet avis. Lors de son départ pour Pékin, on l’a entendu dire à Vladimir Poutine que « de grands changements sont imminents », laissant entendre que la Chine et la Russie ont les bases pour mener des réformes. Cela signifie que nous pouvons nous attendre à :
- des efforts diplomatiques et commerciaux accrus de la Chine et de la Russie en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud
- l’émergence progressive d’un bloc commercial commun pour les prendre en compte
- une pression diplomatique et politique croissante sur les institutions mondiales existantes, soutenue par l’assistance des pays en développement en matière de réformes
- l’émergence de différents types de systèmes de règlement financier constituant une alternative à SWIFT
- l’exploitation progressive des ressources énergétiques russes, qui s’écoulent vers l’Est et le Sud-est, l’Asie et l’Inde
- une coordination croissante avec les acteurs énergétiques du Moyen-Orient dans leur rôle de plaque tournante énergétique régionale, avec une attention particulière pour l’approvisionnement de l’Afrique
- l’augmentation des échanges commerciaux et de l’aide aux nations d’Asie et d’Afrique influentes mais avec du recul économique
Bien entendu, tout n’a pas été dévoilé lors de ce sommet. Cependant, les points les plus importants que la Chine aime appeler les « piliers » de la réforme semblent avoir été définis. Je m’attends à ce que les commentaires occidentaux soient remarquablement silencieux ou stridents dans leur condamnation. La réalité géopolitique selon laquelle un axe commun Chine-Russie peut désormais lancer des réformes mondiales semble toutefois se faire sentir. Nous devons être patients et attendre d’autres signes indiquant que cette orientation est réellement suivie. Avec une combinaison révisée de l’Union économique eurasienne de Russie, de l’Organisation de coopération de Shanghai, des BRICS+ et des pays soutenant l’initiative chinoise de la « Nouvelle Route de la soie (Belt and Road) », le monde pourrait commencer à s’é loigner d’un axe États-Unis-UE. Cet axe pourrait se diriger vers un régime plus équitablement réparti et réellement efficace à l’échelle mondiale – Pékin et Moscou conservant tous deux leur position d’acteurs principaux. Une telle carte se présenterait comme suit : Elle montre les pays qui ont signé l’initiative « Belt and Road » de la Chine, mais avec quelques anomalies. Le Brésil et l’Inde font tous deux partie des BRICS et ont par exemple des intérêts commerciaux importants avec la Russie. Le cas échéant, le groupe de pays prêts à participer et à contribuer à un bloc mondial proposé par la Chine et la Russie pourrait potentiellement être plus important que ce qui est présenté. C’est un défi pour l’Occident.
Enfin, les analystes occidentaux aiment préparer des rapports qui suggèrent que Vladimir Poutine est obsolète – pourtant le partenariat stratégique global entre la Chine et la Russie suggère que cela n’est pas le cas. Dans les années à venir, on peut s’attendre à ce que de nouveaux développements, des avancées diplomatiques et la promotion de l’attractivité économique fassent partie d’un plan stratégique commun entre la Chine et la Russie, avec des ajustements en cours de route si nécessaire. Le prochain sommet entre Xi et Poutine, qui devrait se tenir à l’automne à Pékin, promet d’ê tre un baromètre intéressant en termes de développement et de ce qui reste à venir en termes de réorientation globale.
Reseau International