Les récents massacres perpétrés en Ethiopie ne sont pas dus à la négligence du gouvernement ou des forces de sécurité, a affirmé jeudi aux députés le Premier ministre Abiy Ahmed.
Les tueries commises par des personnes armées “ne sont pas un problème spécifique à l’Ethiopie”, a notamment expliqué M. Abiy, après avoir longuement énuméré les statistiques des morts par armes à feu aux Etats-Unis.
“Les récentes tueries en Ethiopie ne doivent pas être attribuées – comme le font certains – à la négligence du gouvernement qui ne ferait pas son travail et n’assumerait pas ses responsabilités”, a-t-il assuré aux membres de la Chambre des représentants du Peuple (chambre basse) qui l’interrogeaient sur les récents massacres dans l’ouest de l’Ethiopie.
Le gouvernement “tente de protéger ses citoyens 24h/24 et a pu sauver beaucoup de vies, bien que certains aient péri ou aient disparu”, a-t-il assuré, rappelant que des membres des forces de sécurité “sacrifiaient leur vie chaque jour”. Il a reproché aux députés d’être “peut-être plus focalisés sur les morts et pas au courant des vies sauvées grâce aux efforts des forces de sécurité”, appelant la Chambre à “reconnaître et honorer leurs efforts”.
Plusieurs centaines de villageois – majoritairement amhara, la deuxième communauté ethno-linguistique du pays – ont été tués le 18 juin et le 4 juillet dans deux massacres successifs perpétrés par des hommes armés dans deux zones de l’ouest de la région de l’Oromia, la plus vaste et peuplée du pays.
Aucun bilan officiel n’a été rendu public, mais une porte-parole du Premier ministre a indiqué le 30 juin que 338 victimes du premier massacre avaient “déjà été identifiées”.
Les autorités ont attribué ces deux tueries à l’Armée de libération oromo (OLA), rébellion active en Oromia depuis 2018 et classée “organisation terroriste”. Celle-ci a démenti et pointé du doigt une milice progouvernementale. “Si nous intensifions nos efforts dans la direction prise, tous les groupes, que ce soit ‘Shane’ (nom donné par les autorités à l’OLA, nldr) ou d’autres seront éradiqués”, a-t-il assuré.
Mercredi, les députés ont décidé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les “massacres inhumains de civils” commis à travers l’Ethiopie, sans faire explicitement référence aux plus récents en Oromia.
L’ouest de l’Oromia connaît depuis l’arrivée de M. Abiy au pouvoir en 2018 un cycle de violences entre communautés oromo – native de la région – et amhara, minorité installée de longue date.
Plusieurs tueries y ont déjà été enregistrées, notamment en 2021. Des violences similaires ont eu lieu l’an dernier dans des zones peuplées d’Oromo dans la région de l’Amhara voisine.
VOA Afrique