Alors que le changement du dispositif français au Sahel est prévu, son objectif reste le même: éliminer les terroristes. Pour autant, le nombre de civils tués par d’autres groupes comme les forces de sécurité est supérieur aux exactions des djihadistes, indique un rapport de la Coalition citoyenne qui appelle à la sécurisation de la région.
Suite à l’annonce faite par Emmanuel Macron sur la fin de l’opération Barkhane et la «transformation profonde» de la présence militaire au Sahel, la ministre des Armées a réaffirmé l’intention de poursuivre l’élimination des terroristes dans la région.
«Nous ne changeons pas d’objectif: il s’agit de continuer la lutte contre le terrorisme», a indiqué ce 11 juin Florence Parly sur Franceinfo.
Après huit ans de combats, l’approche nécessite d’être révisée. La ministre a ainsi mentionné que le gouvernement avait toujours insisté sur la temporalité du dispositif qui «devait sans cesse s’adapter».
«C’est une réalité du terrain militaire: l’ennemi s’adapte sans cesse aux modes opératoires, aux modes d’action des militaires qui sont sur place, il est donc important de varier sans cesse leurs effets. L’annonce faite par le Président de la République n’est pas une surprise, c’est un travail initié de longue date».
Les terroristes toujours présents
La force Barkhane a réussi à abattre des chefs terroristes des organisations et filiales d’Al-Qaïda* et de Daech*, poursuit la ministre des Armées en répondant à la question d’un journaliste de Franceinfo de savoir si le nombre de djihadistes a reculé.
Parmi les plus grands succès cités par Florence Parly figurent les éliminations du «numéro un d’Al-Qaïda* au Maghreb islamique» et du «chef militaire de cette même organisation». En plus de cela, elle a souligné l’affaiblissement de l’EIGS (État islamique pour le Grand Sahara), filiale de Daech*.
Malgré le travail effectué, les terroristes ne quittent pas la région, où la situation «reste très difficile»:
«Les djihadistes se réorganisent, mais l’objectif est de faire en sorte que cette réorganisation se fasse le plus difficilement possible. Pour ce faire, il faut pouvoir taper les têtes des chefs de ces organisations terroristes».
Dégradation de la situation civile
L’annonce survient deux mois après la publication d’un rapport de la Coalition citoyenne pour le Sahel qui clame une détérioration incessante de la situation malgré l’engagement et l’investissement important des partenaires occidentaux.
Soutenue par plusieurs dizaines d’organisations de la société civile sahélienne et sud-africaine, avec l’appui d’ONG internationales, la coalition dénonce le nombre accru d’attaques contre la population, visée plutôt par des groupes autres que terroristes.
Selon les données présentées dans le document, le Mali a recensé 191 personnes tuées par les groupes djihadistes en 2018, 141 en 2019 et 200 en 2020. Ce alors que le nombre de victimes assassinées par les autres groupes (forces de sécurité, groupes d’autodéfense et groupes armés non identifiés) en compte respectivement 592, 665 et 703.
Au Burkina Faso, la situation est semblable. En 2019, les djihadistes ont tué 527 civils, les autres groupes 793. En 2020, le bilan est un peu moins lourd: 388 contre 631.
«Nous ne pouvons pas sécuriser des zones qui retombent dans l’anomie parce que les États décident de ne pas prendre leurs responsabilités, c’est impossible, ou alors c’est un travail sans fin», a constaté Emmanuel Macron.
Face à la hausse de l’insécurité, la Coalition citoyenne appelle à «placer la protection des civils au cœur de la réponse à la crise». Ce dispositif devra passer par l’évaluation systématique de l’impact des opérations militaires sur les civils, par la mise en place «des mécanismes de suivi des dommages causés aux civils pour toutes les forces présentes au Sahel», ainsi que l’instauration de la pratique de dédommagements.
L’armée française et la sécurité
Afin de contribuer à la sécurisation de la région, une décision a été prise lors du sommet de Pau en janvier 2020: accompagner les forces du Sahel pour augmenter leurs capacités à sécuriser la zone, poursuit Mme Parly.
Les forces armées sahéliennes, «avec lesquels nous avons de plus en plus combattu» ont été formées via la mission européenne EUTM. Il s’agit d’un groupe de plusieurs milliers de soldats impliqués dans des opérations conjointes, a-t-elle expliqué.
Pour l’heure, ni Emmanuel Macron, ni Florence Parly n’ont détaillé le volume de réduction de la présence militaire française sur le terrain qui devrait cependant rester «significative». En plus de cela, une «alliance internationale associant les États de la région» sera mise en place, a précisé le Président français. Les modalités seront annoncées d’ici fin juin,
Source: Sputnik