Burundi: une mission régionale d’observateurs empêchée d’assister aux élections

Tchandrou Nitanga / AFP Une équipe de soignants d'un hôpital est présente à un meeting électoral du parti au pouvoir CNDD-FDD, à Bujumbura, le 27 avril 2020. (photo d'illustration).

La mission d’observation électorale de la Communauté des États de l’Afrique orientale (EAC), attendue en début de semaine, ne sera sans doute pas là pour la triple élection prévue dans neuf jours, du moins si l’on en croit une lettre du gouvernement burundais au secrétariat général de cette organisation.

 Gitega avait dans un premier temps donné son accord pour le déploiement d’une mission d’observation électorale de la Communauté des États de l’Afrique orientale.

Est-ce un changement de ton ? Son ministre chargé des relations avec cette organisation régionale vient d’annoncer à son secrétaire général, dans une lettre du 8 mai, que toute équipe d’observateurs en provenance de l’étranger doit obligatoirement être confinée durant 14 jours, conformément à la stratégie nationale de lutte contre la pandémie du Covid-19.

Cette mission de vingt personnes, en grande majorité des Tanzaniens mais sans les Rwandais, est financée par la Chine selon nos sources. Elle était attendue à Bujumbura au cours de cette semaine. Impossible donc pour elle d’être sur le terrain le 20 mai, jour des élections.

Le gouvernement propose qu’elle soit remplacée par les membres de la représentation de l’EAC au Burundi. « Ca serait symbolique car ils se comptent sur les doigts d’une main et n’ont aucune expérience en matière », toujours selon nos sources.

Vers une élection à huis clos

L’une d’elles assure que tout n’est pas encore perdu, parlant de négociations toujours en cours en vue de son déploiement.

Gitega en a bien besoin. C’est d’ailleurs le gouvernement burundais qui a invité cette organisation, histoire d’avoir au moins cette caution régionale en l’absence de toute observation électorale internationale, analyse un diplomate. Le gouvernement burundais n’a pas voulu d’observateurs de l’ONU et de l’Union européenne, accusées d’être proches de son opposition depuis le début de la crise de 2015.

L’Église catholique et la société civile ne seront pas là également. « On va assister à une élection à huis clos de tous les dangers entre le CNDD-FDD au pouvoir qui ne veut rien lâcher, et une opposition emmenée par Agathon Rwasa qui croit en sa victoire », prévient le même diplomate. La tension ne cesse de monter entre pouvoir et principal parti d’opposition.

 

Source : rfi