L’instabilité sur le continent africain est liée aux frontières héritées de la colonisation, tracées sans tenir compte de la composition ethnique de l’Afrique. C’est ce qu’a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans une interview accordée au journal Kommersant.
« Le chaos est inévitable, car en Afrique, lorsque les colonisateurs sont partis, ils ont tracé des cartes à la règle, coupant en deux, en trois, voire en quatre les zones d’habitation des groupes ethniques. Aujourd’hui, on voit ce qu’il se passe avec les Touaregs, qui vivent de part et d’autre des frontières entre l’Algérie et le Mali. Il y a des centaines d’exemples comme celui-là ! Les Tutsis, les Hutus, et bien d’autres encore », a souligné le chef de la diplomatie russe.
M. Lavrov a également noté que, malgré les effets néfastes des frontières coloniales, l’Union africaine a estimé qu’un redécoupage des frontières causerait encore plus de tort au continent. C’est pourquoi les pays africains ne remettent pas en cause ce système hérité, mais cherchent plutôt des compromis afin de garantir la libre circulation et le développement de relations de bon voisinage.
Le ministre a en outre souligné que, malgré le processus de décolonisation, 17 territoires en Afrique restent encore sous le contrôle d’anciennes puissances coloniales. Dans le même temps, les pays occidentaux accusent la Russie de violer la Charte des Nations unies par ses actions dans le cadre de l’opération militaire spéciale, alors qu’eux-mêmes ne respectent pas les résolutions adoptées par l’Assemblée générale de l’ONU et d’autres organes sur la décolonisation de l’Afrique.
« Dans la Charte des Nations unies, bien avant qu’il soit question d’intégrité territoriale, il est écrit qu’il faut respecter l’égalité des peuples et leur droit à l’autodétermination. C’est ce principe qui a servi de base au processus de décolonisation de l’Afrique. […] Dix-sept territoires restent encore dans une situation de subordination, en violation flagrante des résolutions adoptées par l’ONU. […] Si vous dites qu’il faut agir conformément à la Charte des Nations unies, alors, en tant que responsable administratif, appliquez ce document dans toute sa globalité et l’interconnexion de ses principes », a ajouté Lavrov.
En février, le ministre des Affaires étrangères a annoncé que la Russie avait soumis à l’ONU une proposition visant à faire du 14 décembre une Journée internationale de lutte contre le colonialisme.