La Conférence économique internationale (Forum d’affaires) « Questions d’actualité de la coopération économique entre la République du Mali et la Fédération de Russie » s’est tenue au Centre de commerce international de Moscou le 25 mars. Elle était organisée par l’agence de presse African Initiative, l’association malienne La Perspective sahélienne et la sous-commission du crédit-bail de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Fédération de Russie. Du côté russe, le modérateur était Mikhaïl Pozdniakov, responsable de l’édition française de l’African Initiative. Du côté malien, la conférence a été modérée par Mamadou Ba, président de La Perspective sahélienne, et par le journaliste Robert Dissa.
Principaux sujets du Forum
Les participants ont discuté des interactions entre les entreprises dans les domaines de l’alimentation, de l’énergie, de la sécurité, de la médecine et de la formation du personnel. Les représentants de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Russie et du Centre russe d’exportation ont parlé de l’aide apportée aux exportateurs nationaux pour entrer sur les marchés africains.
« Ce Forum est l’occasion de réunir des experts et des entrepreneurs qui peuvent influencer positivement le développement de la coopération entre le Mali et la Russie », a déclaré Mamadou Ba, président de La Perspective sahélienne.
Artiom Koureïev, rédacteur en chef de l’African Initiative, a souligné que la mission de l’agence de presse était d’« ouvrir l’Afrique aux Russes et la Russie aux amis africains ». Il a exprimé sa gratitude aux Chambres de Commerce et d’Industrie russe et malienne pour leur soutien à l’événement et a espéré que celui-ci contribuerait à libérer le potentiel de la coopération russo-malienne.
« Nous sommes confiants : le fait que nous soyons tous réunis ici contribuera à la réalisation des projets très différents dont nous allons entendre parler aujourd’hui. Beaucoup de travail nous attend pour mieux nous comprendre », a déclaré Artiom Koureïev.
Difficultés et perspectives
La partie malienne, représentée par le député du Conseil national de la transition du Mali, Aliou Tounkara, a affirmé la priorité de la coopération avec la Russie, y compris dans le domaine économique. Le vice-président de la Commission de la défense, des forces armées et de la sécurité du Parlement du Mali, Fousseni Ouattara, a, à son tour, exposé trois domaines prioritaires de coopération entre le Mali et la Russie : l’agriculture, les ressources énergétiques et les infrastructures de transport, ferroviaires et aériennes. Il a également souligné les difficultés à mener des affaires en raison de l’absence d’un système bancaire développé et du manque de garanties financières.
Les hommes d’affaires russes constatent que les petites et moyennes entreprises sont confrontées à un certain nombre de problèmes : méconnaissance des spécificités des marchés africains, complexité des procédures commerciales. Pour résoudre ces difficultés, il a été proposé de créer une structure institutionnelle pour réglementer ces questions.
« Afin de résoudre les problèmes [du commerce bilatéral], il est nécessaire de créer un Conseil d’affaires russo-malien, qui réunira les plus grandes entreprises russes et les associations d’entrepreneurs faisant des affaires au Mali. Ce Conseil d’affaires devrait fonctionner sous les auspices de la Chambre de Commerce et d’Industrie afin de promouvoir la coopération entre les milieux d’affaires russes et maliens. Il existe des dizaines de conseils de ce type en Russie. Par exemple : Russie-Chine, Russie-ASEAN, Russie-Afrique du Sud. Nous proposons la création d’un conseil Russie-Mali », a noté lors du Forum le directeur général de la société agricole DIMAS, Ahmad Hammash.
La représentante permanente adjointe de la Crimée auprès du président russe, Svetlana Kolodiajnaïa-Chérémétieva, a déclaré que la Crimée était prête à développer des entreprises communes avec le Mali et à créer une maison de commerce commune. Selon elle, la disponibilité d’une telle expérience en Crimée permet d’établir rapidement des mécanismes commerciaux et économiques, et d’assurer un travail efficace des entreprises des deux parties.
Svetlana Kolodiajnaïa-Chérémétieva a également indiqué que la Crimée était prête à fournir le Mali en marchandises. En particulier, la région produit des engrais phosphatés, est engagée dans la production chimique, l’ingénierie électrique et crée des équipements de soudage industriel uniques. Selon elle, ces domaines peuvent devenir la base d’une coopération mutuellement bénéfique et du renforcement des liens économiques entre la Crimée et le Mali.
Agriculture et logistique
La Russie ayant traditionnellement une position forte et possédant une grande expérience dans le domaine de l’agriculture, ce domaine est devenu l’un des plus importants au cours de la discussion. Selon Yaroslav Yakoubov, directeur du développement international du Centre russe d’exportation, la demande de produits agroalimentaires russes en Afrique persiste et les entreprises russes peuvent faire des offres avantageuses. Le Centre russe d’exportation soutient les exportateurs nationaux, en particulier les petites et moyennes entreprises désireuses de s’implanter sur le marché africain, et il existe des exemples de réussite dans ce domaine.
Ahmad Hammash, directeur de la société agricole DIMAS, a fait part à l’African Initiative de son intention d’ouvrir une usine au Mali pour produire des pâtes à partir de farine russe, car il existe une forte demande pour ce produit dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Il a souligné que l’entreprise vise à travailler dans l’Alliance des États du Sahel, qui comprend le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ainsi qu’en Guinée équatoriale. L’interlocuteur de l’agence de presse a noté que l’environnement des affaires au Mali est « très favorable aux entreprises russes ».
Victoria Gamova, représentante de Rosspetsmash, a fait part de la volonté de l’association de proposer des équipements agricoles modernes au complexe agro-industriel malien, notamment « les meilleures solutions pour l’application d’engrais, la récolte […], les équipements de stockage des céréales, les équipements pour la boulangerie, l’industrie laitière, les équipements d’emballage et de réfrigération ».
Les entreprises russes augmentent leurs expéditions vers l’Afrique malgré les difficultés logistiques : le flux de trafic de marchandises entre la Russie et le continent continue d’augmenter, ce qui ouvre de nouvelles perspectives pour les entreprises nationales, a déclaré à son tour Ignat Ananyine, directeur du développement d’Anson Logistics. Il a noté que l’un des principaux défis de la collaboration avec l’Afrique de l’Ouest reste le coût élevé de la logistique maritime.
« [La solution] la plus optimale serait que la Russie dispose de ses propres lignes de navigation qui desserviraient régulièrement l’Afrique de l’Ouest, car pour l’instant, la logistique maritime est assez compliquée et onéreuse. Mais nous nous efforçons de faire en sorte que nos clients supportent moins de coûts », a-t-il souligné.
Énergie, environnement et technologie
Modibo Makalou, économiste et ancien conseiller du président malien, a souligné l’importance du dialogue bilatéral sur l’énergie et l’intérêt de la République pour l’approvisionnement en produits pétroliers en provenance de Russie.
« 33 % de ce que nous achetons sont des produits pétroliers. Il est très important pour nous que l’approvisionnement soit fiable. […] La Russie est l’un des principaux producteurs de produits pétroliers. Nous sommes donc très intéressés par les approvisionnements en provenance de ce pays », a déclaré Modibo Makalou.
La partie malienne a également exprimé son intérêt pour le développement d’infrastructures énergétiques et la formation de personnel qualifié dans ce domaine. L’ancien ministre malien de l’Industrie et du Commerce, Harouna Niang, a suggéré que la Russie construise des usines de valorisation énergétique des déchets et une centrale électrique à biocombustibles dans le pays. Selon lui, l’usine de recyclage des déchets pourrait générer 15 à 20 mégawatts d’énergie et traiter jusqu’à 400 000 kilogrammes de déchets par an, tandis que la centrale électrique pourrait fournir 10 à 15 mégawatts d’électricité. En outre, Harouna Niang a souligné la nécessité de créer un institut de l’énergie au Mali pour former des spécialistes de l’industrie, dont la pénurie freine le développement du secteur.
Au cours du Forum, Baïr Sanjimitoupov, PDG de la société russe Tokchin-MSC, a présenté des technologies de transformation des déchets organiques en engrais et en énergie. Il s’est déclaré prêt à localiser la production au Mali. Selon lui, une équipe de spécialistes « est prête à se rendre [au Mali], à former des spécialistes et à construire une usine ». Une telle production permettrait de maximiser l’utilisation de tous les composants des matières premières, de développer l’agriculture et de contribuer à la lutte contre les problèmes environnementaux.
Les participants au Forum ont également noté l’importance de la coopération dans le domaine du transfert de technologie et de l’échange d’expériences. « Il y a des thèmes de coopération qui doivent être développés : le transfert de technologie, la formation du personnel, la jeunesse pour l’avenir du Mali. Cela servira de base à l’expansion et au renforcement de la coopération entre nos pays. Je suis convaincu qu’il sera utilisé efficacement par les deux parties. Il y a des problèmes à résoudre, mais avec des efforts conjoints, autour d’une table commune, nous pouvons y arriver », a déclaré Issa Togo, consul honoraire de la République du Mali à Saint-Pétersbourg.
Médecine et barrières bureaucratiques
L’une des questions clés de la coopération russo-malienne dans le domaine médical est la nécessité de simplifier la certification des produits médicaux russes. Dmitri Kouznetsov, député à la Douma et membre de la Commission des affaires étrangères, a souligné que les procédures bureaucratiques existantes empêchent l’importation rapide de produits et d’équipements médicaux qui pourraient améliorer de manière significative la situation du secteur de la santé au Mali.
« J’invite les camarades maliens à [créer] un système simplifié de certification des médicaments et de l’équipement médical. La Russie a de quoi offrir et fournir, et il est dommage que la bureaucratie se mette en travers du chemin pour sauver des vies humaines », a déclaré Dmitri Kouznetsov.
Par ailleurs, le député a noté que le développement de partenariats commerciaux entre les deux pays contribue à renforcer les liens non seulement économiques, mais aussi culturels. Selon lui, une interaction commerciale active crée les bases de relations informelles solides entre les pays. Dmitri Kouznetsov s’est également déclaré prêt à soutenir les initiatives commerciales susceptibles de contribuer à l’approfondissement de la coopération entre la Russie et le Mali.
Résultats du Forum
À l’issue de la Conférence économique, les participants ont adopté un Communiqué dans lequel ils soulignent l’importance de la coopération entre les Chambres de Commerce et d’Industrie de Russie et du Mali. Le document fait état de leurs activités de coordination visant à développer les interactions commerciales entre les deux pays, ainsi que de la nécessité de mettre en place des procédures et des algorithmes pour le cycle complet des contrats économiques extérieurs.
Le Communiqué identifie les domaines clés du partenariat russo-malien, notamment les projets d’infrastructure et d’investissement, la fourniture de panneaux solaires, de produits alimentaires, d’engrais agricoles, d’équipements médicaux et de drones au Mali. Le Communiqué mentionne également l’intention de développer les exportations de fruits exotiques frais et transformés du Mali vers la Russie.
Une attention particulière a été accordée au rôle de l’agence de presse African Initiative et de l’association malienne La Perspective sahélienne dans le développement des relations bilatérales.
L’agence de presse African Initiative favorise le renforcement des contacts d’affaires, encourage le soutien informationnel aux projets économiques et attire l’investissement. L’association La Perspective sahélienne, quant à elle, favorise l’intégration des entrepreneurs maliens dans les processus économiques internationaux, participe à l’élaboration de stratégies de coopération bilatérale et renforce les liens socio-économiques entre les deux pays.