L’Algérie remet les pendules à l’heure sur l’équilibre de ses relations avec la France

FASANO, ITALY - JUNE 14: (L-R) French President Emmanuel Macron chats with President of Algeria Abdelmadjid Tebboune, as they and other G7 heads of State, Olaf Scholz, German Chancellor, Justin Trudeau, Prime Minister of Canada, Emmanuel Macron, President of France, Georgia Meloni, Prime Minister of Italy, Joe Biden, President of the United States, Fumio Kishida, Prime Minister of Japan, Rishi Sunak, Prime Minister of the United Kingdom and heads of delegation of Outreach countries and Charles Michel, President of the European Council and Ursula von der Leyen, President of the European Commission pose for a family photo on day two of the 50th G7 summit at Borgo Egnazia on June 14, 2024 in Fasano, Italy. The G7 summit in Puglia, hosted by Italian Prime Minister Giorgia Meloni, the seventh held in Italy, gathers leaders from the seven member states, the EU Council, and the EU Commission. Discussions will focus on topics including Africa, climate change, development, the Middle East, Ukraine, migration, Indo-Pacific economic security, and artificial intelligence. (Photo by Christopher Furlong/Getty Images) (Photo by Christopher Furlong / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP)

Face aux récentes pressions exercées par Paris et aux menaces de démission du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, Alger dévoile le déséquilibre historique des accords bilatéraux en pointant les nombreux avantages dont bénéficie la France depuis l’indépendance.

Dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre Paris et Alger, l’Agence officielle de presse algérienne (APS) a publié un article cinglant qui entend rétablir certaines vérités sur la relation franco-algérienne. Cette réaction survient alors que le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, menace de démissionner si le gouvernement français ne durcit pas sa position envers l’Algérie.

Des propriétés diplomatiques françaises à prix dérisoire

Le ministère des Affaires étrangères algérien a convoqué l’ambassadeur de France, Stéphane Romatet, pour aborder un sujet sensible: les 61 biens immobiliers occupés par la France sur le territoire algérien à des loyers qualifiés de « ridiculement bas » par l’APS. Parmi ces biens, le siège de l’ambassade de France à Alger s’étend sur une superficie impressionnante de 14 hectares (140.000 mètres carrés) dans l’un des quartiers les plus prisés de la capitale. Selon l’APS, le loyer versé « ne couvrirait même pas le prix d’une modeste chambre de bonne à Paris. »

Plus frappant encore, la résidence de l’ambassadeur, connue sous le nom de « Les Oliviers », occupe 4 hectares (40.000 mètres carrés) et serait louée « au franc symbolique », avec un prix de bail resté inchangé de 1962 jusqu’en août 2023. L’agence souligne qu’aucune réciprocité comparable n’a jamais été accordée à l’Algérie sur le sol français.

Des accords bilatéraux déséquilibrés

Le communiqué de l’APS va bien au-delà de la question immobilière pour pointer du doigt plusieurs accords bilatéraux jugés inéquitables.

L’accord de 1968, qui régit le statut des Algériens en France, est notamment évoqué. Si Paris n’a de cesse de critiquer ce régime migratoire dérogatoire, l’APS rappelle que la France en a largement bénéficié grâce à « la main-d’œuvre algérienne qui a largement contribué à la reconstruction et à l’essor économique » du pays, sans qu’Alger ne jouisse d’avantages similaires.

De même pour l’accord de 1994 sur la coopération commerciale et les investissements, qui a permis aux entreprises françaises d’obtenir « des conditions très favorables pour opérer en Algérie » sans véritable contrepartie pour les sociétés algériennes souhaitant s’implanter en France.

Un appel à la transparence

L’APS conclut par un appel direct à la transparence: « L’heure n’est plus à l’hypocrisie. Il est temps que la vérité soit mise en lumière et que cessent les discours fallacieux destinés à manipuler l’opinion publique. » Face aux accusations portées par certains responsables politiques français, notamment à l’extrême droite, qui présentent l’Algérie comme profitant indûment de la France, Alger renvoie la balle en affirmant que c’est bien Paris qui « depuis des décennies, a su tirer parti de chaque accord à son avantage. »

La position algérienne est claire: si la France souhaite « ouvrir le débat sur la réciprocité et le respect des engagements signés« , elle devra elle-même rendre des comptes sur les bénéfices qu’elle tire de cette relation bilatérale complexe.