Le Rwanda regrette les sanctions imposées par le Canada en raison du conflit dans l’est de la RDC

- Lundi, le Canada a annoncé la suspension de la délivrance de licences pour l'exportation de marchandises et de technologies contrôlées vers le Rwanda, de nouvelles activités commerciales de gouvernement à gouvernement

Drapeau Rwandais

Le Rwanda a critiqué mardi les sanctions prises par le Canada à l’encontre du pays en raison des combats en cours dans l’est de la République démocratique du Congo, affirmant que ces mesures ne résoudront pas le conflit.

Lundi, le Canada a annoncé la suspension de la délivrance de licences pour l’exportation de marchandises et de technologies contrôlées vers le Rwanda, de nouvelles activités commerciales de gouvernement à gouvernement avec ce pays d’Afrique de l’Est, ainsi qu’un soutien proactif aux activités de développement commercial du secteur privé, y compris les missions commerciales.

En réponse, les autorités rwandaises ont déclaré qu’elles avaient pris note de la position du Canada sur la situation dans l’est du RDC, mais qu’elles “trouvaient inacceptable l’attribution diffamatoire au Rwanda d’atrocités présumées”.

“Les mesures contre le Rwanda annoncées par le Canada ne résoudront pas le conflit. Le Rwanda continuera à travailler avec la région sur le processus de médiation convenu sous l’égide de l’Afrique tout en préservant sa sécurité nationale”, a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Les autorités canadiennes ont condamné “avec la plus grande fermeté” la prise de contrôle par les rebelles du M23 de territoires dans l’est de la RDC, dont les deux villes clés des provinces du Nord et du Sud-Kivu.

Ils ont également condamné la présence des forces rwandaises au Congo et leur soutien au M23, estimant qu’il s’agit de violations flagrantes de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du Congo, ainsi que de la Charte des Nations unies.

Les mesures de sanction du Canada sont les plus récentes, après que les États-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé des sanctions contre le Rwanda le mois dernier, en raison du conflit dans l’est de la RDC.

La semaine dernière, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité une résolution appelant le groupe rebelle à cesser immédiatement les hostilités, à se retirer des zones qu’il contrôle et à renoncer totalement à la mise en place d’administrations parallèles illégitimes sur le territoire congolais.

Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de personnes déplacées par la violence a dépassé les 400 000 pour la seule année en cours.

Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe “terroriste” et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.

Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.

Pour le Rwanda, le M23 représente une menace pour sa sécurité intérieure. Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais. Ces alliances, selon Kigali, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.