RDC : Kinshasa appelle au retrait des rebelles du M23 de la ville de Goma

- Les rebelles du M23 ont annoncé, lundi, un cessez-le-feu "pour des raisons humanitaires", après deux semaines de combats intenses avec l'armée congolaise pour le contrôle de la ville de Goma.

Les autorités congolaises ont réagi à l’annonce d’un cessez-le feu par le M23, appelant à “des actions concrètes” et au retrait du groupe rebelle armé de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

“Nous devons voir des actions concrètes. Ce que cela signifie réellement, c’est avoir la preuve que ce n’est pas une solution cosmétique”, a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, à la chaîne sud-africaine Newzroom Afrika, à propos du cessez-le-feu unilatéral proclamé par les rebelles du M23.

Lundi, les rebelles du M23 ont annoncé un cessez-le-feu à partir du 4 février 2025, “pour des raisons humanitaires”, après deux semaines de combats intenses avec l’armée congolaise pour le contrôle de Goma.

“Pour que des solutions humanitaires soient trouvées et pour que l’accès humanitaire soit rétabli, il faudrait tout d’abord que Goma soit démilitarisée”, a ajouté Wagner, appelant au retrait immédiat des rebelles du M23 et des forces rwandaises.

Thérèse Kayikwamba Wagner a affirmé que les forces rwandaises et le M23 auraient coupé l’approvisionnement en eau et en électricité, ainsi que toutes les routes d’accès menant à et en provenance de Goma.

Pour sa part, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a qualifié mardi le cessez-le-feu unilatéral proclamé par les rebelles de “communication mensongère”.

Cependant, “tout ce que nous attendons, c’est le retrait du M23”, a déclaré Muyaya.

Selon les Nations unies, plus de 900 personnes ont été tuées et 2 880 autres blessées lors de ces affrontements.

Le président rwandais Paul Kagame a fréquemment nié les accusations selon lesquelles son pays soutiendrait les rebelles du M23.

Interrogé lundi, lors d’une interview accordée à CNN, si des troupes rwandaises se trouvaient dans l’Est de la RDC, Paul Kagame a répondu : “Je ne sais pas”. “Vous êtes le commandant en chef”, glisse alors le journaliste de CNN. Et Kagame de répondre : “Il y a beaucoup de choses que je ne sais pas. Mais si vous me demandez s’il y a un problème au Congo qui concerne le Rwanda, et si le Rwanda ferait tout pour se protéger, je répondrais à 100 % oui”.

Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe “terroriste” et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.

Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.

Pour Kigali, “la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda”. “La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)”, avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.

Ces alliances, selon Nduhungirehe, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.