Au Mali, les tensions entre le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et les militaires au pouvoir plongent la transition politique dans l’incertitude. Entre accusations de « haute trahison » et dénonciation de décisions unilatérales, la fracture au sommet de l’État menace l’efficacité gouvernementale et l’avenir du pays.
Le Mali fait face à une crise politique au sommet de l’État. Le Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga, a récemment critiqué publiquement les militaires au pouvoir, dénonçant son isolement dans les décisions clés. Lors d’un discours à Bamako le 16 novembre, il a fustigé le report unilatéral de la transition prévue pour mars 2024 et la création de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections, réalisée sans concertation.
Ces critiques ont provoqué une vive réaction des militaires. Le Collectif pour la Défense des Militaires (CDM) exige la démission de Maïga sous 72 heures, l’accusant de « haute trahison ». Des organisations proches de la junte ont également condamné ses propos, relayés par la télévision d’État.
Division politique
Une partie de la classe politique soutient toutefois Maïga, qui dénonce le non-respect des résolutions des Assises Nationales de la Refondation. Parmi elles, la réduction des partis politiques reste inapplicable, avec plus de 100 nouveaux partis enregistrés en deux ans, ce que Maïga considère comme un frein à la refonte politique.
Cette montée des tensions révèle une fracture profonde entre les civils et les militaires au sommet de l’État. Alors que les ambitions de refondation se heurtent aux réalités d’un pouvoir militaire omniprésent, le Mali se trouve à un tournant décisif. La question reste ouverte : les autorités de transition parviendront-elles à concilier leurs visions divergentes pour sortir le pays de l’impasse ?