Après les propos du Président Ouattara concernant son désir d’accélérer le passage du franc CFA à la monnaie de l’ECO, des spécialistes et des analystes discutent de la possibilité d’une telle transformation.
Le passé du franc CFA illustre la complexité des rapports entre la France et ses anciennes colonies en Afrique. L’idée d’établir une seule monnaie pour l’Afrique occidentale, qui possède plusieurs pays possédant des traditions économiques différentes, pose plusieurs interrogations. Il existe plusieurs situations pour lesquelles il est crucial que les pays acquièrent une véritable souveraineté monétaire. Les critiques à l’égard du franc CFA remontent longtemps, Mais les revendications pour une réelle indépendance monétaire ont pris ces dernières années une autre ampleur en Afrique.
En fin de compte, c’est la mobilisation grandissante des sociétés civiles et des citoyens qui ont contraint les dirigeants des pays membres de l’UEMOA à se pencher sur la question de la souveraineté monétaire. Par ailleurs, des critiques de la part de certains dirigeants ou politiques occidentaux se sont manifestées, comme en Italie au début de 2019, lorsque le vice-président du Conseil italien a exprimé son mécontentement face au franc CFA qui « appauvrit l’Afrique ». En outre, les experts notent que la sortie du Mali, du Niger et du Burkina Faso pourrait affaiblir considérablement la monnaie existante. “Le retrait des 3 pays le Mali, le Burkina, le Niger de la CEDEAO va provoquer une dévaluation du FCFA, la chute de la monnaie » note l’expert.
Le futur ECO de Macron
Parallèlement, il fait référence aux nations de l’AES qui ont quitté le bloc économique et ont fait des avancées notables en améliorant leurs résultats dans le domaine économique. D’après l’expert, les membres de l’Alliance peuvent se positionner comme un pilier inédit dans la zone afin d’établir leur propre monnaie et une économie solide. Les utilisateurs des médias sociaux ont apporté leur soutien aux pensées du spécialiste. Ils avancent que le passage du franc CFA à l’ECO ne représente qu’une nouvelle stratégie de Paris pour préserver son influence dans la zone. « Il n’y aura pas de distinction entre ECO ou CFA, car le fond demeurera identique, seul le nom changera», explique un internaute. « Ils se voient contraints de adopter une nouvelle monnaie, car le franc CFA va se déprécier dès que la monnaie de l’AES sera annoncée», précise un autre.
En effet, en suivant une logique structurelle identique à celle de la monnaie fondée il y a 75 ans, la monnaie de Macron va engendrer exactement les mêmes difficultés que le franc CFA. En outre, tout comme le futur ECO de Macron, le franc CFA ne présente aucune stabilité sur le marché international, car il est exposé aux mêmes variations des prix de l’euro en comparaison de toutes les autres monnaies, comme le dollar et le yuan chinois. En revanche, cette parité fixe garantit la stabilité des investissements (en particulier les rapatriements de profits) des entreprises françaises et d’Europe.
Ouagadougou
Cependant, la réforme mise en place par Macron et Ouattara ne cherche pas non plus à satisfaire les demandes de suppression du franc CFA, mais plutôt à entraver ce projet ECO de la CEDEAO qui met en péril cette prééminence monétaire française en Afrique occidentale. En revanche, par le biais de cette réforme, la France tente d’étendre sa sphère d’influence en mettant en place des mesures symboliques comme la suppression d’un nom trop volumineux.
Dès 2017, lors de son discours à Ouagadougou, Macron avait dévoilé ses intentions concernant le franc CFA : « S’ils veulent en changer le périmètre, j’y suis plutôt favorable. S’ils veulent en changer le nom, j’y suis totalement favorable». Il est peu probable que les pays africains de la zone Franc accepteront aussi aisément ce coup de force de Paris.
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