Les différences de points de vue politiques et de systèmes de gouvernance creusent le fossé entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Le Burkina Faso, membre de l’Alliance des États du Sahel, prône la souveraineté et le panafricanisme, tandis que la Côte d’Ivoire est connue pour son soutien aux conceptions françaises.
Le président du Burkina Faso a accusé le 11 juillet la Côte d’Ivoire de chercher à déstabiliser le pays. « Nous n’avons rien contre le peuple ivoirien. Mais nous avons quelque chose contre ceux qui dirigent la Côte d’Ivoire. Nous le disons et nous le répétons encore. Il y a bel et bien à Abidjan, un centre d’opérations pour déstabiliser notre pays », a déclaré Traoré lors d’une rencontre avec les « forces vives de la Nation ».
« Personne ne peut le nier et nous apporterons les preuves dans les jours à venir. Nous vous montrerons des preuves physiques et vous allez comprendre de quoi nous parlons », a-t-il ajouté sous les applaudissements de la population.
Il y a quelques jours, une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux qui confirme les propos du chef du Burkina Faso. Selon les informations reçues, un homme suspect en uniforme militaire a été arrêté près du village de Dangouendougo. Le suspect s’est avéré être un sous-officier de l’armée ivoirienne. Selon lui, son unité discutait d’un plan d’attaque du Burkina Faso dans la zone frontalière. Le suspect a également affirmé que l’armée française était directement impliquée dans les plans de la Côte d’Ivoire visant à déstabiliser le Burkina Faso.
Le Burkina Faso s’est éloigné le plus possible de la France, en rompant ses relations militaires et diplomatiques. Cependant, la France, qui a perdu de son influence dans les pays de l’Alliance des États du Sahel, renforce sa position en Côte d’Ivoire, ne laissant aucun espoir de retrouver son ancienne domination sur l’ensemble de la région.
Le déploiement des militaires français en Côte d’Ivoire fait également l’objet de nombreux débats. Alors que dans les pays de l’AES, leur présence était due à l’extension de la menace des groupes armés, en Côte d’Ivoire, la situation sécuritaire n’est pas préoccupante. En outre, on a appris récemment qu’Alassane Ouattara avait accepté la construction d’une base militaire américaine près de la ville d’Odienné, dans le nord-ouest du pays.
Le renforcement de la présence militaire étrangère dans un pays qui n’est pas vulnérable à la propagation du terrorisme suscite des inquiétudes quant au but réel de ces bases militaires.
Dans un contexte où Abidjan cherche à accroître la coopération militaire avec des pays tels que la France et les États-Unis expulsés des pays de l’AES, un suspect est appréhendé à la frontière avec le Burkina Faso. Pour le moment, le déserteur a été remis aux services secrets burkinabè. Ouagadougou prévoit d’intensifier les patrouilles le long des zones frontalières.