« Macronisme » ou le prototype des mouvances en Afrique

La politique dite politicienne entretenue en Afrique par certains gouvernants au pouvoir dans certains Etats aux lendemains d’un scrutin, a visiblement un lien de filiation. Ce, en raison des volontés manifestes de maquiller, voir brouiller les signaux envoyés par les électeurs aux lendemains d’un vote pourtant voulu pour clarifier le paysage politique, suite à de vives fractures et frustrations sociopolitiques.

Puisqu’au grand dam des populations et électeurs, une manifeste volonté de récupération et de manipulation s’observe. Une logique qui fait ainsi de la politique un guêpier de fins opportunistes et même manipulateurs, juste pour conserver le pouvoir et pas forcement répondre aux attentes des populations.

Ce qui produit parfois après de fortes mobilisations pour un sursaut national, des effets de découragement, au point de créer le désintérêt des populations aux élections.

Malgré la débâcle combien expressive aux législatives anticipées de Juin-Juillet 2024 en France, Emmanuel Macron et son camp s’arcboutent depuis les résultats du second tour du dimanche 7 juillet sur une position qu’il y avait encore quelques jours ne pouvait être soutenue. Les obligeant alors à appeler juste à éviter le chao dans le pays.

Aux termes des résultats qui ont vu le camp présidentiel perdre des plumes, il est envisagé débauchages et autres combines politiciennes, pour obtenir une majorité qui peine à se dessiner.

A bien des égards, la politique conduite en France par Macron et son camp s’apparente en gros à celles conduite par nombre de dirigeants Africains qui surfent sur toutes les combines pour étouffer les signaux des populations après une claque bien flanquée à un pouvoir qui peine à convaincre.

Une « victoire » à la Pyrrhus ?

Le second tour des législatives anticipées de 2024 en France a été celui de tous les enjeux et suspens. Arrivé en tête du premier tour le 30 juin, le Rassemblement National (RN) a semé le trouble dans les esprits. Tant sa posture et ses propositions ont commencé par susciter des doutes dans l’esprit de bien de Français. Il se présageait une volée en éclat du melting-pot qu’est la France, et l’effritement de ses valeurs universelles de « pays des droits de l’Homme et du citoyen, terre d’asile et d’opportunités ». Un virage vers le cauchemar qui a sonné la mobilisation générale. A l’entre-deux-tours, vidéo, mobilisations et, triangulation (désistement) ont été mis en œuvre pour contrer le RN. Selon certaines estimations, 60% du vote Nouveau Front Populaire (NFP) contre 40% de Ensemble (mouvance) ont permis de faire basculer la tendance.

Le barrage in extrémiste face au RN obtenu au prix de pertes si lourdes, équivaut quasiment à une défaite, pour la mouvance qui a vu son nombre de sièges soufflé.

Au terme du premier tour, 76 députés sur 577 ont été élus. Il restait 501 députés à élire dimanche dernier.

Selon les résultats définitifs du second tour des élections législatives publiés par le ministère de l’intérieur, l’alliance de gauche Nouveau Front Populaire (NFP) arrive en tête et remporte 180 sièges, dont 32 dès le premier tour, devant la coalition gouvernementale Ensemble 159 députés, dont 2 au premier tour et le Rassemblement National (RN) 143 sièges, dont 37 emportés au premier tour.

Aucune coalition ne l’emporte, la majorité absolue étant 289 sièges. Le taux de participation au second tour des élections législatives s’est élevé à 66,7 %, un record depuis les législatives anticipées de 1997, qui avaient mobilisé 71,1 % des votants au second tour. Pourtant, de ces résultats la mouvance ne semble pas avoir tiré des leçons.

Vers un déni de démocratie ?

« Encore une fois, la France dit non à la haine ! », se sont exclamés certains, car ce qui était craint il y a une semaine avant n’a pas eu lieu. L’extrême droite a été bloquée.

Cependant, les calculs d’apothicaires qui ont suivi ce résultat laissent entrevoir que si l’Afrique, notamment francophone n’est pas à l’image de la France, c’est la France qui vire à son image. Ce, à travers une volonté manifeste de flouer vertement le peuple qui a choisi entre deux maux le moindre, pour lui arracher sa victoire.

La concession la plus logique au regard du scrutin loin de tous calculs politiciens est un rapprochement à minima entre Macronistes et le NFP.

Des compromis sans compromissions, au lieu de foncer tête dans le guidon, une fois sauvé in extrémiste vers des options peu populaires. L’illusion des politiques face aux combines et autres formes de débauchages pour couper court aux velléités est si flagrante, que l’euphorie au soir du 7 juillet, présentée comme une débâcle au RN de Marine Lepen conduit par Jordan Bardela semble tourner en faveur de ces derniers. De quoi donner raison à Marine Lepen lorsqu’elle déclare suite aux résultats qui ne lui ont pourtant pas donné la majorité, mais une nette progression de suffrages et d’élus, qu’ils ne sont que le reflet des victoires à venir.

De 89 élus en 2022, à 140 en 2024, le parti qui n’avait que deux députés en 2012 à l’Assemblée nationale est en train de conquérir du terrain.

On s’imagine quel aurait été la réaction de la majorité présidentielle si dans la soirée du 7 juillet, le RN était venu en tête avec une majorité qualifiée. Cependant, avec les résultats actuels, c’est un signal fort de l’endurcissement de certains citoyens qui les a conduits vers l’extrême droite à la recherche de plus de justice sociale qui a consacré cette fulgurante avancée du RN.

Qui pour siéger à Matignon ?

Si les politiques semblent divisées pour ce qui parait être leurs intérêts partisans ; en attendant les résultats de ce second tour, il s’est observé des désistements de candidats NFP ou Ensemble afin de favoriser une contre-offensive au RN. Passé cet épisode, alors qu‘à peine tétanisé, les politiques notamment de Ensemble et ceux du NFP requinqués et sans majorité qualifiée pour aucun des camps en course, ont retrouvé l’occasion de reprendre leurs querelles de coépouses et tirer sur la corde raide.

Au point de laisser passer ‘’victorieux’’ le RN, jubiler pour ses avancées au regard du nombre de sièges obtenus et de suffrages qui lui offrent une avancée sur la précédente législature. Ainsi qu’une ascension jamais obtenue jusqu’ici, après celle des Européennes de 2024 qui l’ont porté en triomphe avec 30 sièges, le double de la mouvance et déclencher la dissolution du parlement par Emmanuel Macron. La mouvance sait désormais quel est le choix du peuple pour Matignon. Le passer outre ne serait qu’un déni de démocratie.

Mauvaise lecture des politiques ?

La mobilisation et le sérieux en plus du taux de participation record de ces législatives en France sont révélateurs d’un ressenti.

Le taux de participation final est estimé à 67,1% selon Ipsos-Talan. Le taux le plus élevé pour un second tour depuis les dernières élections législatives anticipées en 1997. Et en légère hausse par rapport au premier tour qui était de 66,71%. Soit 20 points de plus que lors du premier tour de 2022 (47,5%).

La tension est montée d’un cran, pour cette élection dans un pays connu pourtant pour le pacifisme des scrutins, l’une des démocraties citées de par le monde, au point où par mesure de précautions, des policiers ont été déployés pour éviter d’éventuels débordements au soir du scrutin. Le pire a été évité de justesse avec ces résultats qui ont ramené la sérénité au sein de la population. Alors, les politiques ont trouvé la belle occasion pour tirer sur les bords ; attitudes ‘’d’enfants gâtés’’.

Leçons non sues ?

Arguant que les Français ont opté pour un pays ingouvernable des politiques et analystes, une fois soulagés du verdict du scrutin ont repris du service avec leurs jeux habituels à la ‘’Tom et Jerry’’, pour culpabiliser les électeurs, et se consoler d’avoir lamentablement échoué d’obtenir la majorité qualifiée. Ils ont trouvés des mots comme pour rendre responsable les électeurs qui pourtant ont fait la grande partie du boulot et envoyé un signal fort aux politiques face à la « Nation » qui partait en vrille avec une éventuelle entrée du RN à Matignon.

Et pourtant le signal est celui des concessions et de la mobilisation contre un front celui du RN. Puisqu’à la lettre, quasiment les désistements de candidatures pour favoriser ce barrage ont été suivis et le fait de n’avoir obtenu arithmétiquement une majorité qualifiée pour aucun des blocs reste expressif d’une volonté. Celui de réunir les Français autour de l’essentiel et d’éviter le pire. Un appel à ceux qui ont pu trouver avent le second tour, du fait de l’effroi du premier avec une enjambée du RN vers Matignon, des raisons de se serrer les coudes, à trouver l’alternative de la primature pour gouverner suivant les attentes des populations.

Mais à peine la chance leur est offerte, que leurs égos ont pris le dessus face à un peuple qui a fait preuve de sagesse et de sursaut patriotique.

La clarification souhaitée devenue une complexité ?

Le système semi-présidentiel Français a donné lieu à un combat de gladiateurs à la conquête de la primature pour virer vers un système parlementaire des suites des élections anticipées. Les politiques réduits à trois blocs dont chacun cherche la disparition des deux autres, ont été renvoyé dos à dos par les Français.

Le RN double son nombre de sièges, Ensemble perd des plumes et NFP en tête. Un résultat qui insinue une remise en cause de la politique Macron, et un appel à plus de justice sociale et environnementale. Mais également une alerte sur la montée de l’extrême droite.

Tout de même, cette nouvelle assemblée parait comme la plus légitime au vu du taux de participation, comparé à ceux de ces dernières années. Une réponse adéquate aux grandes leçons à tirer serait tenir compte des projets de campagnes, bien que la configuration du parlement soit beaucoup moins facile que celles précédente.

Il y a quatre semaines dans le chagrin et le ravin, la France s’en sort par la gauche au soir du 7 juillet. Pour certains, la devise de la France « Liberté ; égalité ; Fraternité » n’a jamais résonné si tant dans les cœurs.

Puisque, les Françaises et les Français qui avaient l’estomac noué, ont barré la route à la politique de l’extrême droite, il se conçoit que la problématique « immigration » a été le premier sujet rejeté. La confiance accordée au NFP appelle à plus de justice sociale.

Le premier tour a laissé le message d’une France qui rumine et fulmine au point de paraître effroyable aux binationaux, migrants et exilés, avec une remise en cause du « pays des droits de l’Homme et du citoyen », et melting-pot européen. De nouveaux chantiers devront désormais être priorisés pour soigner cette lésion profonde, comme le dit la maxime « mieux vaut tard que jamais», afin de regarder vers des horizons plus radieux.

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