La CPI déclare un chef lié à Al-Qaïda coupable de « crimes de guerre » au Mali

La Cour pénale internationale (CPI) a reconnu Al-Hassan Ag Abdoul Aziz, chef présumé du groupe militant salafiste nord-africain Ansar Dine lié à Al-Qaïda, coupable de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis contre la population musulmane soufie au Mali, à l’issue d’une audience tenue mercredi à La Haye. Al-Hassan était membre du groupe djihadiste salafiste touareg connu sous le nom d’Ansar Dine et chef de la police islamique à Tombouctou après que le groupe eut pris le contrôle du nord du Mali en 2012 et 2013 avant que les forces françaises et maliennes ne reprennent la région.

Le juge de la CPI Antoine Kesia-Mbe Mindua a reconnu Al-Hassan coupable de « crimes contre l’humanité et crimes de guerre de torture », de « crimes de guerre d’atteintes à la dignité de la personne », de « crimes de guerre consistant en un prononcé de condamnation sans jugement ni procès préalable », de « crime contre l’humanité de persécution pour des motifs religieux » et de « crime de guerre de mutilation ».

La chambre a conclu qu’Al-Hassan avait participé et ordonné la flagellation publique d’au moins 13 personnes. Mardi, les procureurs avaient qualifié Al-Hassan de participant « enthousiaste » aux crimes de guerre, tandis que ses avocats l’avaient présenté comme un bouc émissaire qui avait tenté de rétablir l’ordre au cours de cette période. Al-Hassan a été acquitté des accusations d’esclavage sexuel et de mariage forcé. Si les magistrats ne nient pas la réalité de ces actes, ils ont considéré dans leur verdict qu’il s’agissait de crimes de droit commun et ne constituaient donc pas des crimes contre l’humanité.

Le procès d’Al-Hassan a débuté il y a trois ans, avec plus de 800 victimes témoignant. La condamnation devrait avoir lieu dans les semaines à venir et Al-Hassan risque la prison à vie. Auparavant, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, un autre membre d’Ansar Dine, avait été reconnu coupable par la CPI en 2016 d’attaque de sites religieux et historiques, la première condamnation par la Cour pour crimes culturels.

Al Mahdi a dirigé un groupe de militants qui ont détruit 14 des 16 mausolées soufis de Tombouctou en 2012, inscrits au patrimoine mondial de l’ONU. Il a été condamné à neuf ans de prison et libéré en 2022 après la commutation de sa peine. Les affirmations selon lesquelles Ansar Dine serait aligné sur Al-Qaïda sont contestées.