Energie, traitement des minerais, agriculture et informatique : qu’est-ce que les africains viennent chercher au spief

Du 5 au 8 juin, Saint-Pétersbourg accueillera le Forum économique international (SPIEF), où sont attendus des délégués du Burkina Faso, du Mali, du Niger, de l’Afrique du Sud, du Cameroun et de nombreux autres pays africains. African Initiative a analysé les attentes des délégués quant à leur participation au Forum.

Récemment, l’agenda des relations entre la Russie et l’Afrique est devenu de plus en plus riche, et le SPIEF servira de plateforme importante pour le renforcement des contacts existants et la signature d’accords. En outre, dans une certaine mesure, le Forum peut être considéré comme le prolongement du sommet Russie-Afrique. Cependant, ce dernier se tient tous les deux ans, et une plateforme supplémentaire est nécessaire pour les réunions et l’échange sur des sujets d’actualité, déclare Ekaterina Emelianenko, présidente du Conseil d’experts du Centre des BRICS et de l’OCS pour la diplomatie innovante.

« Le programme global de coopération est élaboré lors du sommet, tandis que le SPIEF sert à garantir l’efficacité de l’action et à consolider les accords conclus », explique l’expert.

EN QUOI CONSISTE L’INTÉRÊT DES INVITÉS AFRICAINS ?

Lorsque que l’on coopère avec des pays qui cherchent à se libérer de l’influence des anciennes métropoles, il est primordial de tenir compte de leurs intérêts. Et la Russie a quelque chose à leur proposer.

Pour le Burkina Faso, par exemple, l’énergie est un domaine de coopération important. À cet égard, le gouvernement du pays envisage de conclure un accord avec Rosatom pour la construction d’une centrale nucléaire : Aristide Tapsoba, ambassadeur du Burkina Faso en Russie, a déclaré à AI. Ce document représentera la conclusion logique du Plan de travail pour l’établissement d’un dialogue dans le domaine de l’atome pour la paix, qui a été signé le 26 mars 2024 dans le cadre de l’exposition ATOMEXPO-2024 à Sotchi.

Parmi les autres domaines prioritaires, Aristide Tapsoba a mentionné le commerce, les transports et la digitalisation : il est également prévu de conclure des mémorandums dans ces domaines dans le programme de la délégation.

Lors du forum, les participants africains discuteront également des domaines de coopération qui ouvrent de nouvelles opportunités et augmentent l’attractivité de leurs états en matière d’investissement. Par exemple, pour l’Afrique, les exportations se composent souvent de minerais, tandis que les importations sont souvent des produits finis fabriqués à partir des mêmes ressources. Le principal défi pour les Africains est donc de créer une économie qui leur permette de créer leurs propres produits finis, ce qui implique de mettre en place des activités de recherche et de développement.

Les pays du continent sont également confrontés à des difficultés pour surmonter les défis existants dans le domaine de la sécurité alimentaire et de l’agriculture, explique Ekaterina Emelianenko. Selon elle, de nombreux Africains ne savent pas exactement quels types de plantes et d’engrais conviennent à leurs sols. C’est pourquoi ils ont besoin d’aide pour sélectionner les cultures et les engrais – et la Russie est un leader mondial dans la fourniture de céréales et d’engrais. « De nombreuses délégations africaines, en particulier des pays du Sahel, participent à de tels événements pour trouver des fournisseurs de blé », explique l’expert. Dans ce domaine, on peut s’attendre à des accords avec des entreprises telles que Rosagroexport, qui n’est pas représentée dans les pays africains, le Centre d’exportation russe, Rosagroleasing, FosAgro et Geoscan.

Selon l’expert, tout ce qui a un rapport avec la pisciculture et les technologies de production de fruits de mer est également un domaine important.

L’éducation et la formation de spécialistes techniques de haut niveau, l’application des technologies de l’information et de l’intelligence artificielle au sein de l’économie sont des priorités. Dans ce domaine, l’Institut Kurchatov et l’Institut de physique et de technologie de Moscou, l’Association pour l’exportation de la souveraineté technologique, le Centre d’ingénierie innovante et Skoltech, représentés au Forum, seront des partenaires intéressants.

La construction de capacités énergétiques supplémentaires, l’électrification du pays et la modernisation de l’infrastructure existante sont des thèmes particulièrement importants pour les Africains. Les partenaires possibles sont Inter RAO, Rosatom et sa filiale NovaWind : ces deux derniers ont déjà conclu des accords pour la construction de réacteurs nucléaires et de centrales solaires au Mali.

RISQUES JUSTIFIÉS

Ekaterina Emelianenko note que les pays participant au SPIEF sont économiquement dépendants des pays occidentaux, et que la visite du SPIEF implique donc une certaine prise de risque. Mais le facteur décisif est que les délégations sont très intéressées par la diversification de leurs liens.

Il est important de noter que le Forum se tient à une époque où tous doivent faire face à des crises émergentes et signer des contrats pour développer leurs économies. Pour de nombreux pays, le SPIEF est donc l’occasion de trouver de nouveaux partenaires avec lesquels ils pourront construire une coopération mutuellement bénéfique.

En ce qui concerne la Russie, la conclusion d’accords avec les hommes d’affaires africains permet non seulement de pénétrer les marchés étrangers, mais aussi de changer l’opinion que l’on a des pays du continent. De nombreux entrepreneurs russes s’appuient sur l’ancienne perception de l’Afrique, liant les questions économiques à la sécurité.

« »Pour envoyer un navire marchand en Afrique, il faut d’abord y envoyer des PMC »  – un tel calcul n’est plus pertinent. Dans ce cas, il sera important pour la Russie de se familiariser avec l’Afrique et de se débarrasser des stéréotypes», déclare Mme Emelianenko.