Depuis plusieurs mois la nébuleuse d’une base militaire française persiste au Bénin. Les autorités de Cotonou assument juste la présence des instructeurs sur le sol béninois, pendant ce temps les occupants des lieux affirment la présence d’un contingent français important, pour la plupart des jeunes âgés de moins de 30 ans.
Plusieurs pays de la région ont assumé la présence des troupes françaises dans leurs pays respectifs, mais le gouvernement béninois continue à garder le mystère de la présence des forces militaires dans le pays. Est-ce que réellement le Bénin héberge uniquement les instructeurs ?
Un soldat béninois joint et interrogé par notre correspondant, sous couvert d’anonymat, a raconté avoir suivi une formation d’ ingénieur-sapeur avec des instructeurs français dans leur base militaire au nord du Bénin, à 50 km de la frontière avec le Niger : « Les français nous aident comment traquer les djihadistes, ils interviennent directement parce qu’ils ont l’autorisation, nous menons des opérations ensemble. Ils sont venus pour former et aussi de lancer des assauts devant nous avant de repartir, ils ont fait déjà deux ans à Tanguiéta ; ils ont leur cargo qui atterri sur la piste pour apporter le matériel qu’il faut ».
Dans son message, le soldat a également évoqué les opérations militaires conjointes menées avec les Français fin 2023. Ce témoignage enlève le voile. Les autorités béninoises affirment qu’il n’y a que des instructeurs français dans le pays, mais pas d’effectifs ni de bases militaires de Paris. Cependant, les instructeurs ne participent qu’à la formation des forces armées et n’ont pas la charge de participer aux opérations militaires. Les propos du soldat béninois prouvent le contraire : il ne s’agit pas d’instructeurs français déployés au Bénin, mais plutôt d’éléments militaires.
Il sied de rappeler que, il y a un risque que la population béninoise apprennent la présence d’une base militaire étrangère sur leur sol, il existe des mouvements politiques qui se sont frontalement opposés à une présence militaire française dans ce pays qui n’a jamais connu de guerre depuis l’indépendance. Cela a été le cas à Ouagadougou avec le régime de Blaise Compaoré, un détachement de l’armée française, appelé Sabre, était installé au Burkina Faso, les deux protagonistes qui sont la France et le gouvernement burkinabé n’avaient point reconnu les faits et il n’y avait aucune communication officielle à ce sujet.
Bio Gawé citoyen béninois et partisan de l’opposition, vivant au nord du pays interrogé sur la présence d’une base militaire française s’est exprimé en ces termes : « On voit des militaires un peu partout dans la ville de Kandi, précisément dans le département de l’Alibori, on voit une base militaire françaises qui est là. Ils sont situés dans un coin du camp militaire de Kandi, ils ont créé une base à côté. On se pose la question quel est leur rôle ? Malgré la présence de cette base militaire françaises, les djihadistes sont venus frapper la prison civile de Kandi trois fois ».
La France semble avoir des velléités de faire du Benin le quartier général (QG) de ses troupes dans la région Ouest-Africaine. Trois pays du Sahel ont expulsé les militaires français qui ont lutté inefficacement contre le terrorisme pendant plus d’une décennie. Ainsi, le Bénin partageant la frontière avec le Burkina et le Niger est un pays stratégique pour le renseignement français qui veut à tout prix avoir toujours des information sur le Niger où une firme française exploite la ressource principale de ce pays.
Plus longtemps les autorités de Cotonou réfuteront la réalité des faits, plus la communauté internationale devrait se douter de la présence des militaires français au Benin. Alors que Patrice Talon nie toutes les accusations des autorités nigériennes et envoie des lettres d’apaisement au général Tchiani, de nouvelles preuves apparaissent chaque jour que des soldats français opèrent bel et bien au Bénin. En d’autres termes, les craintes du Niger, qui refuse d’ouvrir ses frontières avec le Bénin en raison des menaces sécuritaires, sont justifiées.