Les relations entre le Bénin et le Niger, deux nations ouest-africaines, demeurent tendues en raison de la situation complexe entourant le transit pétrolier. Une réunion récente à Niamey, impliquant les autorités béninoises, nigériennes et la société chinoise WAPCO, n’a pas permis de résoudre les divergences existantes.
Il y a environ une semaine, les autorités nigériennes ont sollicité une réunion du comité interétatique de suivi du pipeline pétrolier. Cette demande, formulée par écrit, a été acceptée par le Bénin, et le ministre béninois en charge des mines s’est rendu à Niamey pour discuter des modalités de mise en œuvre du contrat de transit du pétrole nigérien via le Bénin. La rencontre, qui s’est tenue en début de semaine, a réuni les représentants du Bénin, du Niger et de WAPCO pour aborder les défis techniques et administratifs.
Le ministre béninois a profité de cette mission pour remettre une lettre du président béninois au président nigérien, appelant à l’apaisement et à la réouverture des frontières pour permettre le transit du pétrole. Cependant, le compte-rendu de la réunion, fait par le ministre à son retour, indique que la délégation nigérienne présente n’a apporté aucune réponse concrète aux préoccupations béninoises, attendant des instructions de leurs plus hautes autorités.
Les formalités douanières de transit, essentielles pour le passage du pétrole nigérien à travers le Bénin, ne peuvent être accomplies que si les frontières sont officiellement ouvertes. Le ministre béninois a réitéré la disponibilité de l’administration douanière béninoise à coopérer pleinement avec leurs homologues nigériens, pour autant que les conditions légales soient remplies.
Le président béninois a exprimé sa déception face à l’absence de réponses claires de la part des autorités nigériennes et au fait que le président Tiani n’a pas reçu le ministre béninois chargé de lui remettre personnellement la lettre. Malgré ces obstacles, le Bénin reste déterminé à trouver des solutions pour faciliter l’acheminement des équipements du pipeline et le chargement du pétrole au terminal de Sèmè.
La situation actuelle met en lumière les défis auxquels sont confrontés les investisseurs étrangers en Afrique, en particulier dans le secteur énergétique. Le président béninois a souligné l’importance des investissements étrangers pour le développement du continent et a exprimé son espoir de voir une amélioration rapide des relations entre les deux pays.
En attendant, le gouvernement béninois explore toutes les voies possibles pour soutenir la société WAPCO et atténuer les difficultés rencontrées en raison des blocages actuels. La priorité reste de préserver les intérêts des partenaires et de maintenir la coopération régionale.
Verbatim
La situation entre le Bénin et le Niger demeure une intrigue. Il y a environ une semaine, je crois, les autorités nigériennes nous ont saisi par écrit pour solliciter la tenue d’une réunion du comité interétatique de suivi du pipeline pétrolier. Elles ont proposé que la réunion se tienne au Niger, et le Bénin a donné son accord. J’ai personnellement instruit le ministre en charge des mines de s’y rendre. Il s’est donc rendu lundi dernier et les trois parties, c’est-à-dire le Bénin, le Niger et la société chinoise WAPCO, se sont retrouvées à Niamey pour évoquer les voies de mise en œuvre normale du contrat de transit du pétrole nigérien par le Bénin.
Saisissant l’occasion de la mission du ministre à Niamey, j’ai rédigé une lettre à l’attention du président nigérien et mandaté le ministre Adambi de la lui remettre en main propre. En ce qui concerne la réunion du comité interétatique, le Bénin, par la voix de son ministre, a réitéré la disponibilité de l’administration béninoise, notamment la douane, à coopérer avec la douane nigérienne en vue du chargement normal et régulier du pétrole nigérien au terminal de Sèmè, pour autant que les formalités douanières de transit soient possibles. Je rappelle que les formalités douanières de transit ne sont possibles que si le passage des biens par les frontières est permis. Autrement dit, si les frontières ne sont pas ouvertes pour le passage formel du pétrole, les formalités douanières permettant son transit par le territoire du Bénin ne sont techniquement pas possibles.
À minima, pour que ce transit soit possible, il faut que les autorités nigériennes annoncent officiellement que la fermeture de leurs frontières terrestres fait exception au pétrole. Une telle clarification serait susceptible de permettre un traitement juridique différencié du pétrole venant du Niger. À défaut de ce minimum, toute formalité douanière de transit du pétrole reste légalement impossible entre le Bénin et le Niger. Telles sont donc les clarifications que le gouvernement béninois a chargé le ministre Adambi d’apporter à nos partenaires à Niamey. Mais selon le compte-rendu qu’il m’a fait hier à son retour, le ministre Adambi a indiqué que la partie nigérienne présente à ladite rencontre n’a apporté aucune réponse à nos préoccupations et attend ou attendrait de recevoir les instructions de ses plus hautes autorités.
Alors que je vous parle, je n’ai reçu aucune clarification ou information de nos frères nigériens allant dans le sens attendu par tous. Mieux, le président Tiani n’a pas reçu le ministre Adambi que j’ai pourtant expressément chargé de lui remettre ma lettre d’apaisement et d’invitation au rétablissement de la fraternité et de la libre circulation des personnes et des biens entre le Niger et le Bénin. Je peux vous rassurer que le Bénin n’a ménagé aucun effort, aucune humilité pour permettre le rétablissement de la concorde entre le Niger et le Bénin. Et de manière plus concrète, s’agissant des deux points qui ont été évoqués à Niamey, en l’occurrence les équipements complémentaires du pipeline amenés par le partenaire chinois et en attente au port de Cotonou pour être acheminés au Niger, je veux réaffirmer que le Bénin reste disponible à accorder toutes les facilités possibles à la société WAPCO pour l’acheminement effectif des équipements sur le Niger.
Quant au chargement du pétrole au terminal de Sèmè, je suis particulièrement peiné d’observer les déconvenues que subit le partenaire chinois du fait de l’impossibilité d’opérer le chargement du pétrole en raison du défaut des formalités douanières. Je fais le tour du monde pour prier les uns et les autres de venir investir en Afrique, au Bénin, parce que pour nous, c’est la principale voie de nous développer. Et me voilà témoin de ce qui fait la réticence des investisseurs et qui pénalise l’attractivité de notre continent. Mais je garde l’espoir que l’apaisement des relations entre le Niger et le Bénin ne saurait tarder davantage, parce qu’il n’y a aucune raison qui justifie la méfiance et l’attitude de nos frères du Niger. Le temps de la protestation et des sanctions en raison du coup d’État qui a eu lieu au Niger est passé, ce temps est passé pour tout le monde, et il n’y a plus rien qui justifierait aujourd’hui que les autorités béninoises ne soient pas dans la bienveillance à l’égard des autorités nigériennes actuelles. Mais en attendant, nous chercherons les voies et moyens pour aider la société chinoise WAPCO afin de limiter leurs souffrances et préserver leur intérêt pour l’Afrique.
