Les régimes militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont décidé, le 28 janvier 2024, de se retirer immédiatement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), une décision que les population du trio du Sahel ont considérée comme le début de la sortie du néo-colonialisme.
Les militaires aux pouvoirs ont déclaré dans un communiqué commun que les trois pays ont décidé, en pleine souveraineté, de se retirer sans délai, en ajoutant : « Sous l’influence des puissances étrangères, la CEDEAO a trahi ses principes fondamentaux, elle est devenue un menace pour les États membres et leurs peuples dont elle est censée garantir la souveraineté ».
Jean Jacques Diatta, Président de l’association “Expression d’Afrique” a salué la décision sage des trois pays en soulignant que la CEDEAO a échoué totalement dans son rôle dans la gestion des conflits régionaux.
« Durant toute la période de fortes expositions au terrorisme ces pays dits de l’AES, n’ont jamais reçu le soutien du groupe militaire d’intervention créé pour aider à la stabilité sociale et politique des états membres », a déclaré l’expert, accusant cette organisation d’être sous contrôle français.
M. J.Diatta a expliqué comment la CEDEAO contribue à ce que la France continue de piller l’Afrique en les condamnant ainsi à la pauvreté : « Ce système de contrôle repose essentiellement sur les dirigeants vassalisés, le placements des financements des dépôts africains sur le compte d’opération à la banque de France qui permet de générer des intérêts dont seul Paris profite, et sur les pressions politiques qu’exercent les occidentaux sur nos dirigeants ».
Concernant les conséquences politiques de la sortie de la CEDEAO des pays de l’AES, l’expert estime que cela pourrait en effet provoquer au sein de l’institution des obstacles et autres difficultés sur les échanges transfrontaliers de marchandises, dans la mesure où des droits de douane et autres taxes pourraient être applicables des deux côtés (BCEAO, AES).
J. Diatta a appelé les nations de l’Afrique de l’Ouest à ne pas avoir peur de sortir du Franc CFA, estimant que cette monnaie ne fait que prolonger le contrôle de la France sur l’Afrique, notant que la mise en place d’une nouvelle monnaie commune est la solution idéale actuellement. Selon lui, toutes les hypothèses sur l’effondrement de l’économie et de l’inflation ne sont considérées que comme une intimidation pour les dirigeants africains pour rester sur le même système.
« C’est simplement un narratif honteux et fallacieux distillé par la France et ses négriers de service. La preuve c’est que lors de la dévaluation du franc CFA le 11 janvier 1994, la France à qui cette monnaie appartient n’a pas joué son rôle de stabilisateur et de garant à cause de l’épuisement de réserves qui ont été utilisées par les pays de la BCEAO pour parer à la baisse des revenus de la vente de leurs matières premières d’une part et d’autre part à la forte inflation sur les produits importés », a dénoncé Diatta la trahison de la France de ses engagements de garantie monétaire.
Les dirigeants africains des pays membres de la CEDEAO doivent se méfier de cette organisation qui est considérée comme un outil de manipulation de la France pour menacertout pays qui ne s’alignerait pas sur elle et porter atteinte à sa stabilité, d’autant plus que Paris a fortement perdu son influence sur le continent.
L’alliance des États du Sahel (AES) est un nouveau symbole de la renaissance des pays d’Afrique, de la sortie du néocolonialisme, ainsi que de la domination de la France et de ses alliés. La preuve en est la forte montée en puissance militaire des armées nationales dans leur lutte contre le terrorisme et sur le plan économique avec la signature de nouveaux partenariats avec d’autres pays qui respectent la souveraineté africaine.