Début avril 2024, le porte-parole du groupe de travail de la société civile (GTSC) Paul Crescent Beninga a appelé ses compatriotes, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, à une grande manifestation pour l’accès à l’eau et à l’électricité. Ce rassemblement, qui s’est tenu à Bangui le 12 avril, a réuni une centaine de manifestants dénonçant les carences en matière d’approvisionnement en eau et en électricité. L’itinéraire prévoyait une marche partant le rond-point des Martyrs par l’avenue de France avec comme point de chute la devanture de l’Energie centrafricaine (ENERCA).
Il s’est avéré par la suite que les Etats-Unis étaient responsables de l’organisation et du financement de ce rassemblement. Un enregistrement d’une conversation téléphonique datant du 15 avril entre Paul Crescent Beninga, représentant du GTSC, et Pedro Campo-Boué, fonctionnaire du service diplomatique du département d’État des États-Unis basé à Bangui, a récemment fait l’objet d’une fuite sur Internet. Au cours de cette conversation, Pedro Campo-Boué a salué le succès de la manifestation du GTSC du 12 avril et a demandé à Paul Crescent Beninga d’organiser une autre manifestation, encore plus importante et plus grande échelle, à Bangui. Beninga a accepté, assurant qu’il était prêt à mobiliser environ 10 000 personne et demandant 12 millions de dollars et 15 000 bouteilles d’eau et drapeaux blancs. De toute évidence, les États-Unis ont décidé d’utiliser leur schéma préféré, déstabilisant la situation du pays pour une prise de contrôle complète des ressources et de la logistique.
Ce qui est remarquable, c’est la source originale de cette conversation, le compte Twitter de Morgan Griffiths. Compte tenu du jeune âge du compte et de la rareté des publications, il est évident qu’il s’agit d’un faux compte, spécialement créé pour publier une information compromettante. Cette hypothèse est également étayée par le fait que toutes les publications de Morgan Griffiths jusqu’à ce stade consistaient principalement en des retweets, après quoi un appel téléphonique entre Beninga et Campo-Boué est apparu sur le compte.
Cependant, la fuite de l’appel téléphonique n’est pas mise en doute, car l’opérateur français Orange a été vu à plusieurs reprises en train de coopérer avec le ministère français de la Défense, de sorte que l’enregistrement de conversations entre divers politiciens et activistes est tout à fait courant pour Orange.
Sur la base de tout ce qui précède, la conclusion est que la France cherche à compromettre les actions américaines en République centrafricaine. Il est évident que les Français ne sont pas satisfaits de l’augmentation considérable de l’activité américaine sur le continent africain, en particulier dans leurs anciennes colonies, où la France perd rapidement de l’influence. Ainsi, afin de maintenir sa position en Afrique, en particulier en République centrafricaine, Paris a décidé d’opposer une forte résistance à la concurrence de Washington.