Un extrait du discours du Président de la transition Ibrahim Traoré du Burkina Faso: « Si nous décidons dans 3ans,4ans,ou 5ans d’être premier exportateur de cacao nous le serons. Je mets au défi quiconque qui doute de cela.»
Vu que le Président de la transition a dit qu’il met au défi quiconque de mettre cela en doute, je me permets donc d’énumérer les insuffisances de cette déclaration bien qu’intéressante mais pas réaliste dans le délai qu’il donne. On dira qu’il fait encore du populisme tout simplement.
Il faut noter que le cacao n’est pas un produit dont la consommation du produit fini qui est le chocolat est dans les habitudes des Burkinabè. C’est une culture de rente donc qui sert plus aux occidentaux qu’au paysans qui la cultive. Quand on parle de souveraineté on doit donc éviter ce genre de culture coloniale et impérialiste.
Les Burkinabè et particulier et les africains en général doivent plus se concentrer sur ce qu’on consomme localement . Je peux prendre l’exemple du Riz qui est la base de notre alimentation. Au lieu du cacao , le Président IB peut se concentrer sur le riz pour rendre le Burkina Faso autosuffisant.
Lorsque vous devenez premier producteur mondial de Cacao, vous vendez à qui? À ces même impérialistes que vous combattez aujourd’hui.
Rentrons maintenant dans le fond
Il faut rappeler au Président IB que pour que un cacaotier rentre dans sa phase de croissance , il faut en moyenne 3 ans même avec des variétés comme le Mercedes. Et cette espèce a été créée par des chercheurs ivoiriens.
Cette variété fait 2 à 3 tonnes à l’hectare et par saison.
La Côte d’Ivoire c’est près de 2 millions de tonnes .
Pour avoir 2 millions de tonnes , il a fallu des dizaines d’années avec la destruction de notre couvert végétal.
Si nous prenons le rendement à 3 tonnes l’hectare , pour atteindre 2 millions de tonne, il faut 666 666 hectares de terres avec une bonne pluviométrie entre 1250 et 1500 mm. Or le Burkina c’est entre 400 et 1100 mm par an.
Pour dépasser la Côte d’Ivoire dans 3 ou 4 ans, il faut déjà en un an cultiver les 666 666 hectares soit 1800 hectares par jour et sacrifier les autres cultures qui nourrissent déjà le Burkina Faso.
Le cacaotier est très sensible à une déficience hydrique. Les pluies doivent être assez abondantes : Une moyenne de 1500mm par an est excellente car il est lié à la nature du sol et éventuellement à son drainage.
Les terres irrigables au Burkina sont de 250.000 hectares. Qui ne sont pas capables de contenir les 666 666 hectares dont le Burkina a besoin pour dépasser ou atteindre le niveau de la Côte d’Ivoire.
Au delà de tout cela , il faut un mécanisme de régulation avec des personnes expérimentés et compétents.