Ce jeudi 8 février 2024, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a tenu une réunion extraordinaire pour discuter du retrait annoncé du Mali, du Burkina Faso et du Niger de l’organisation. La CEDEAO a répondu aux lettres de notification de retrait envoyées par ces trois pays, critiquant les raisons qu’ils ont invoquées pour justifier leur décision.
La CEDEAO a contesté les arguments des trois pays, notamment leur perception d’un éloignement des idéaux panafricains, l’influence de puissances étrangères hostiles, un sentiment d’abandon dans la lutte contre le terrorisme, et l’imposition de sanctions qu’ils jugent illégales et inhumaines. La Commission de la CEDEAO a réfuté ces arguments, affirmant que les sanctions, en particulier contre le Niger, sont fondées sur les protocoles de la CEDEAO et que les mesures contre le Burkina Faso et le Mali ne correspondent pas aux sanctions de grande ampleur mentionnées.
La CEDEAO a également souligné que l’intégration et la solidarité régionales ont été approfondies, bénéficiant principalement aux trois États membres, et que la lutte contre l’insécurité et le terrorisme a été activement poursuivie par la Commission. La Commission a suggéré que les véritables raisons du retrait proposé par les trois pays sont leur intention de ne pas respecter leurs obligations en vertu du traité et du protocole de la CEDEAO, notamment leur désir de maintenir le pouvoir politique acquis par des moyens non constitutionnels.
La CEDEAO a rejeté la demande de retrait « immédiat » des trois pays, rappelant que l’article 91 du Traité révisé de 1993 exige un préavis d’un an pour tout retrait de l’organisation. Ainsi, le retrait ne sera effectif que dans un an, à moins que les pays ne retirent leur notification avant l’expiration de ce délai.
Entre mépris et arrogance envers les peuples sahéliens
Dans une déclaration, le Président de la Commission de la CEDEAO, Dr. Omar Alieu Touray, a critiqué les pays qui ont choisi de se retirer de l’organisation, affirmant qu’il n’existait « pas de fondement réel » dans leurs raisons pour un tel retrait. Il a souligné que ces décisions hâtives ne tenaient pas compte des procédures formelles de retrait stipulées dans le Traité révisé de la CEDEAO de 1993, ni des répercussions potentielles sur les populations concernées.
Cependant, cette position a provoqué une réponse critique, interrogeant la Commission sur les conséquences de ses propres actions. Les sanctions imposées par la CEDEAO à des membres comme le Mali et le Niger, jugées illégales et inhumaines, ont soulevé des questions sur le respect par l’organisation de ses propres textes et des normes internationales, y compris des traités de l’ONU.
Ces critiques mettent en lumière un apparent double standard dans l’application des principes de la CEDEAO, appelant à une réflexion sur la cohérence de ses politiques et l’impact de ses décisions non seulement sur les gouvernements mais surtout sur les citoyens des États membres.