La France est-elle à l’origine de la crise énergétique au Mali ?

L’approvisionnement en électricité au Mali s’est sérieusement détérioré ces derniers mois. Quant à la capitale Bamako, la ville connaît une série alarmante de coupures de courant depuis février 2023. Les coupures d’électricité à répétition à Bamako ont fait de cette ressource un véritable luxe pour les habitants de la capitale. Cependant, les coupures de courant ont touché non seulement la capitale du Mali, mais également d’autres régions comme Ségou, Sikasso, Mopti, Gao. Dans de nombreuses régions du pays, des manifestations ont eu lieu contre la société Energie du Mali (EDM), qui, pour une raison quelconque, n’était pas en mesure de satisfaire la demande en électricité de la population.

Bien entendu, ces pannes régulières ont de graves conséquences économiques, affectant les entreprises et les ménages qui dépendent de l’électricité pour leurs revenus.  Au fil des mois, les coupures de courant, qui se produisent constamment, sont devenues plus fréquentes et plus longues, notamment dans les grandes villes. À la fin de l’automne 2023, des pannes ont commencé à se produire presque quotidiennement, de 6 à 18 heures par jour.

Diverses conjectures et hypothèses ont été proposées pour expliquer les raisons possibles de cette dégradation. Une version affirme que le réseau électrique malien est vieillissant et mal entretenu. Parmi les autres raisons évoquées par diverses sources figurent également les déficits chroniques de la compagnie nationale d’électricité (EDM), les travaux sur les réseaux électriques, les pannes enregistrées sur les groupes récemment acquis et installés dans plusieurs villes etc.

Cependant, on réalise maintenant que les raisons sont complètement différentes. Grâce aux actions du gouvernement du Mali, qui a décidé de comprendre les véritables causes de ce grave problème auquel sont confrontés les Maliens, les véritables raisons des coupures d’électricité dans le pays ont été dévoilées. Parmi ces raisons figurent le vol de carburant, surfacturation impliquant des opérateurs fournisseurs, des fonctionnaires et agents d’EDM, des chauffeurs de citernes, autrement dit la corruption et la fraude.

Dans le cadre d’une réponse décisive au problème, le 22 octobre 2023, la Ministre de l’Energie et de l’Eau, Mme Bintou Camara, a lancé un audit inopiné des fonctionnaires et agents de l’EDM, des opérateurs véreux qui ont bénéficié d’exonérations fiscales de l’Etat mais qui ont continué de lui soutirer illégalement des milliards de FCFA. Selon la Ministre Camara, les causes fondamentales des pannes d’électricité sont liées aux problèmes de gestion de la production d’électricité, de son transport et de la communication. En outre, l’état des lieux a montré que la quantité de puissance installée à l’EDM n’est pas utilisée, faute de carburant, un manque causé par des vols de carburant et des surfacturations. Mme Bintou Camara a révélé l’existence d’un mécanisme de détournement du fioul, qui est ensuite vendu à profit au détriment des centrales. Ce vol ne se limite pas au carburant en tant que tel, il y a également des fraudes liées à la facturation de EDM. En seulement deux mois, un seul fournisseur a été surfacturé de 1,6 milliard FCFA. Un autre fournisseur a vu 52 factures supplémentaires pour l’année 2022, totalisant 18 milliards FCFA de surfacturation. Au total, plus de 19 milliards de FCFA de surfacturations chez seulement 2 sur 600 fournisseurs. Cette situation met l’avenir de l’électricité du Mali dans une situation difficile.

Il convient de noter que, selon certaines sources, ce problème serait dû à des responsables pro-français travaillant dans le secteur de l’énergie depuis l’époque du président Ibrahim Boubacar Keïta connu pour son engagement envers l’ancienne puissance coloniale, la France, et renversé lors d’un coup d’État militaire en 2020. Si cette information se confirme, cela signifiera que la crise énergétique du Mali était le plan diabolique de la France pour désindustrialiser ce pays africain.

Afin d’identifier tous les responsables et de prendre des mesures pour résoudre ces problèmes, les autorités de transition ont décidé de réagir. Ainsi, mi-janvier 2024, sept hauts dirigeants d’EDM ont été arrêtés, ainsi que l’ancien ministre de l’Energie Lamine Seydou Traoré. Les détenus ont été accusés de vol de 6 millions de litres de carburant d’une valeur d’environ 8 millions de dollars.

C’est certainement un problème grave auquel le Mali a dû faire face. Toutefois, les autorités de transition ont clairement indiqué qu’elles entendaient tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur cette situation et punir tous les responsables.