Après Moscou la semaine dernière, le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine est arrivé, hier mardi 23 janvier 2024 à Téhéran, où il a eu des entretiens ce mercredi avec le Vice-président iranien Mohammad Mokhber. Au cours de la visite, le Niger et la République Islamique d’Iran ont signé de nouveaux accords de coopération dans plusieurs domaines et Téhéran a saisi l’occasion pour se rapprocher davantage de Niamey, en assurant les autorités de transition de sa solidarité ainsi que de son aide pour surmonter les sanctions imposées au pays suite au coup d’état du CNSP du 26 juillet 2023. Les deux pays ont également convenu d’impulser une nouvelle dynamique à leur coopération bilatérale en consolidant davantage l’axe Niamey-Téhéran.
Arrivé la veille à Téhéran à la tête d’une importante délégation composée de membres du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et du gouvernement de Transition, le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine s’est entretenu ce mercredi 24 janvier 2024 au complexe de Sa’adabad de la capitale iranienne, avec le premier vice-président de la république Islamique d’Iran, Muhammad Mokhber. Les deux responsables ont ensuite présidé une session de travail entre les délégations des deux pays avant d’assister à la signature de plusieurs accords de partenariats dans les domaines de l’énergie, de la santé et des finances. Ils ont par la suite animé une conférence conjointe, dans l’après-midi de ce mercredi, au cours de laquelle le vice-président iranien a souligné que « le gouvernement iranien avait suivi les récents développements dans le pays ami du Niger » et que « la République islamique tient à fournir au Niger son expérience pour surmonter les sanctions illégales » qui ont été imposées au pays suite aux évènements du 26 juillet dernier. « Nous condamnons les cruelles sanctions qui sont imposées par le système de domination et nous allons partager l’expérience que nous avons dans ce domaine avec nos frères » du Niger, a déclaré le vice-président iranien, Mohammad Mokhber, qui a tenu à saluer « la réussite » de l’ancienne colonie française à « avoir établi un gouvernement indépendant » à l’occasion de ce coup d’État qui a renversé le régime de Bazoum Mohamed, qualifié à Téhéran de trop pro-occidental.
Lors de la conférence de presse conjointe avec Ali Lamine Zeine, le responsable iranien a également exprimé sa satisfaction quant à la réouverture de l’ambassade du Niger à Téhéran, soulignant que l’Iran est prêt à exporter des services techniques et d’ingénierie dans les domaines énergétiques et économiques vers le Niger et à l’aider à développer ses infrastructures. Il a en ce sens souligné que la stratégie du gouvernement iranien met l’accent sur le développement des relations dans toutes leurs dimensions politiques, économiques et culturelles avec les pays africains et dans cette dynamique, a ajouté Mohammad Mokhber, les entreprises iraniennes bénéficient d’une grande capacité d’expertise et de moyens pour répondre aux besoins du pays dans différents domaines.
Consolider l’axe Niamey-Téhéran
De son coté, le Chef du gouvernement nigérien a pour sa part, appelé à transformer les protocoles d’accord (MoU) récemment signés entre les deux pays en contrats dans les plus brefs délais. Il a noté que la tenue de commissions mixtes peut également contribuer à développer des liens mutuels et à mettre en œuvre des accords. « Le Niger entend donner un souffle nouveau à la coopération, qui dormait, avec la République islamique », a déclaré Lamine Zeine après la signature des nouveaux accords de coopération destinés à consolider et à impulser une nouvelle dynamique à l’axe Niamey-Téhéran.
La République islamique d’Iran a été l’une des premières puissances à soutenir les autorités de transition au lendemain du coup d’Etat de juillet dernier et à dénoncer les sanctions économiques et financières imposées au pays par les organisations régionales et internationales. Téhéran a d’ailleurs été l’un des premiers partenaires vers qui le Niger s’est tourné pour rompre son isolement diplomatique avec la visite, fin octobre dernier, du chef de la diplomatie nigérienne dans la capitale iranienne. A cette occasion, le ministre Bakary Yaou Sangaré s’était entretenu avec son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian, avant d’être reçu en audience par le président iranien Ebrahim Raïssi qui a assuré les nouvelles autorités que Téhéran était disposé à coopérer avec le Niger dans le domaine économique, selon le communiqué publié sur le site Internet de la présidence iranienne.
Lors de la rencontre avec le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, le Président Raïssi a aussi rappelé qu’au cours des quarante années écoulées, l’Iran avait gagné une expérience et des capacités précieuses dans différents domaines. Il a souligné que la résistance et la recherche d’indépendance du peuple nigérien face aux politiques « hégémoniques » des Européens indiquaient que l’Afrique est vraiment sortie du colonialisme. De son côté, le ministre nigérien avait salué l’Iran pour ses progrès dans différents domaines, affirmant que son voyage à Téhéran avait pour but d’améliorer les relations amicales entre les deux pays et d’élever le niveau de coopération bilatérale.