La République démocratique du Congo organise des élections présidentielles et législatives mercredi. Ces élections sont très suivies sur le continent, car le pays cherche à consolider ses progrès démocratiques.
Il s’agira des premières élections depuis le premier transfert pacifique du pouvoir du président Joseph Kabila au président sortant Félix Tshisekedi en 2018.
Le deuxième plus grand pays d’Afrique par sa masse terrestre est embourbé dans un conflit sanglant à l’est et dans une crise économique malgré ses vastes richesses naturelles.
Selon les Nations unies, plus de six millions de personnes ont été déplacées par les combats dans les régions orientales. Les personnes vivant dans les camps de déplacés ne pourront pas voter car elles n’ont pas été inscrites sur les listes électorales des localités.
Le président Tshisekedi fait partie des plus de 20 candidats en lice pour l’élection présidentielle.
L’opposition peut-elle créer la surprise ?
M. Tshisekedi et son parti au pouvoir, l’UDPS, sont confrontés à une forte opposition de la part de leurs rivaux qui ont mené leur campagne sur le mantra du changement.
L’ancien premier ministre Martin Fayulu, qui a terminé deuxième lors de la dernière élection présidentielle en 2018, est l’un des principaux opposants à M. Tshisekedi.
L’homme d’affaires Moise Katumbi, propriétaire du club de football le plus prospère du pays, a fait valoir son expérience de dirigeant en tant qu’ancien gouverneur de la province du Katanga, qui a permis d’améliorer les services publics dans la région.
Denis Mukwege, chirurgien gynécologue et lauréat du prix Nobel de la paix, est également dans la course à la présidence. Il a déclaré à ses partisans que le temps était compté pour sauver la République démocratique du Congo.
Mais l’incapacité de l’opposition à choisir un candidat unique pour affronter le président Tshisekedi a laissé la course ouverte. Une initiative visant à former une coalition de l’opposition a échoué au début de l’année, les pourparlers n’ayant pas abouti à un consensus.
Les femmes, les jeunes et le vote
La seule femme dans la course à la présidence, Marie Josee Ifoku, 58 ans, se présente pour la deuxième fois à l’élection présidentielle.
Ifoku, également connue sous le nom de “femme balai”, affirme clairement que l’expérience acquise lors des dernières élections l’a préparée à la tâche qui l’attend.
Les jeunes disent que bien qu’ils soient conscients de l’immense richesse de leur pays, ils sont choqués par les niveaux de chômage et de pauvreté.
“Si nous votons pour de bonnes personnes, nos conditions de vie s’amélioreront. En revanche, si nous votons pour de mauvaises personnes, les changements seront mauvais”, a déclaré l’activiste Natalie Maliva à TRT Afrika.
Résurgence des groupes rebelles
La résurgence des activités des rebelles dans l’est du pays a entraîné de nombreux meurtres et le déplacement de centaines de milliers de personnes.
En réponse à l’insurrection, la Communauté de l’Afrique de l’Est, composée de sept pays, a déployé une force militaire en novembre 2022 dans le but de ramener la stabilité dans cette région instable.
Mais la force s’est retirée à l’expiration de son mandat le 8 décembre, après avoir été déçue par son efficacité.
Les Nations unies ont également commencé à retirer leurs forces de maintien de la paix déployées dans la région en 1999. Cette décision fait suite à une série de manifestations meurtrières qui ont éclaté contre la force, accusée par les habitants de ne pas avoir réussi à endiguer les violences commises par de multiples groupes armés.
Logistique
L’opposition a exhorté la Commission électorale indépendante (CENI) à organiser des élections libres, équitables et crédibles. Elle a également dénoncé des irrégularités présumées dans le processus d’inscription des électeurs et la mauvaise qualité des cartes d’électeurs, dont certaines se sont décolorées avant même le jour du scrutin.
La taille même du pays représente un défi logistique de taille pour l’organisation des élections. La commission électorale, la CENI, a déclaré que le matériel électoral avait été distribué aux bureaux de vote dans les 26 provinces du pays.
L’organisme a mis en garde contre les rassemblements, les acclamations et les campagnes électorales le jour du scrutin, et a exhorté les électeurs à rentrer chez eux après avoir voté.
Malgré les énormes problèmes de sécurité, de nombreux électeurs ont exprimé leur détermination à voter, espérant un processus pacifique et crédible ainsi qu’un avenir meilleur pour leur pays.