Niger: l’UE s’inquiète des conséquences de l’abrogation de la loi sur le trafic de migrants

Drapeaux de l'Union Europeenne

L’Union européenne se dit « très préoccupée » suite à l’abrogation par le Niger de la loi sur le trafic de migrants. La commissaire européenne aux Affaires intérieures a réagi ce mardi à l’ordonnance de la junte du CNSP mettant fin à la loi qui, depuis 2015, criminalisait les entrées et sorties illégales de migrants sur le territoire nigérien.

« Je regrette vivement cette décision », a déclaré ce mardi la Suédoise Ylva Johansson. La commissaire européenne aux Affaires intérieures estime qu’avec l’abrogation de la loi de 2015, « il y a un gros risque que cela cause de nouveaux décès dans le désert ». En effet, cela pourrait créer un appel d’air pour les migrants subsahariens qui tenteront de rejoindre les côtes du Vieux continent. Pour l’Union européenne, cette loi avait permis de nettement réduire le nombre de morts sur la route migratoire, mais également de baisser le nombre d’arrivées illégales sur son sol.

« Le nombre de personnes perdant la vie dans le désert a diminué de manière significative, pointe la commissaire européenne. J’étais au Niger, je suis allé à Agadez et j’ai vu tous les efforts de recherche et de sauvetage qu’ils font dans le désert pour s’assurer que les gens ne meurent pas là-bas et pour empêcher ces passages clandestins et cette mise en danger de la vie des gens. Je suis très préoccupé par la situation actuelle. »

Une loi « votée sous l’influence de certaines puissances étrangères »
Mais pour le gouvernement nigérien, cette loi qui, de fait, faisait du Sahel une nouvelle frontière européenne a été « votée sous l’influence de certaines puissances étrangères » en rendant illicite certaines activités « par nature régulière ». Ce qui constituait, pour Niamey, « une contradiction flagrante avec ses règles communautaires et les intérêts des citoyens du Niger ».

Par cette décision, la junte du CNSP rétablit une véritable économie autour de la migration qui s’était particulièrement installée dans la ville-étape d’Agadez et qui avait largement contribué à son développement.

Mais difficile de ne pas y voir une réaction à la décision de Bruxelles, dont le Parlement européen a encore exigé la libération du président Mohamed Bazoum la semaine dernière. Selon la commissaire européenne Ylva Johansson, le seul programme qui n’a pas été interrompu pour l’Union européenne est, la coopération dans le cadre du « régime des Nations unies pour l’évacuation des réfugiés de Libye en vue de leur réinstallation au Niger », rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet.

RFI