Mali: le chef de la transition nigérienne le général Abdourahamane Tiani est à Bamako avant d’aller à Ouagadougou

[Image d'illustration] Le général Abdourahmane Tiani arrivant pour rencontrer des ministres à Niamey, au Niger, le 28 juillet 2023. REUTERS - STRINGER

Le général Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et premier dirigeant de fait du Niger, s’est rendu au Mali ce 23 novembre 2023, avant de se rendre à Ouagadougou. C’est la première sortie du général Tiani hors du Niger depuis qu’il a pris le pouvoir le 26 juillet. Une visite « d’amitié et de travail », qui ne durera que quelques heures, selon les autorités maliennes de transition. Il a atterri à Bamako un peu avant 10h, heure locale, ce jeudi. Il a eu les honneurs du tapis rouge et a été accueilli à sa descente d’avion par le colonel Assimi Goïta, le président malien de transition.

Le général Abdourahamane Tiani et le colonel Assimi Goïta ne manquent pas de dossiers communs. Sur le plan sécuritaire, il y a la prise de Kidal par l’armée malienne et ses supplétifs russes de Wagner, il y a dix jours, à laquelle l’armée nigérienne a légèrement contribué, en fournissant au moins un avion.

Cette prise de Kidal, jusqu’alors aux mains des rebelles du CSP, aura des suites qui ne seront peut-être pas sans conséquences pour le Niger.

Mais c’est surtout la zone des trois frontières, avec la lutte contre le groupe État islamique, qui fait l’objet d’une collaboration militaire entre le Mali, le Niger, et le Burkina Faso. Leurs dirigeants, qui sont tous issus d’un coup d’État militaire, ont créé il y a deux mois l’Alliance des États du Sahel (AES) et travaillent à la concrétisation de cette alliance.

Des réunions ministérielles de l’AES sont d’ailleurs prévues à Bamako la semaine prochaine, pour évoquer les suites de ce partenariat, non seulement sur le plan militaire mais aussi économique ou encore sur les éventuels organes institutionnels communs à mettre en place.

Autre sujet d’intérêt commun : les sanctions économiques de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) auxquelles le Niger est soumis depuis le coup d’État survenu le 26 juillet.

Le Niger a entamé une procédure judiciaire devant la Cour de justice de la Cédéao pour leur suppression.

Le général Tiani pourrait aussi demander conseil au colonel Assimi Goïta : le Mali avait lui-même subi les sanctions de la Cédéao et avait obtenu leur levée après d’âpres négociations sur un calendrier électoral devant permettre le retour à l’ordre constitutionnel. Calendrier finalement foulé aux pieds par les autorités maliennes de transition, qui ont reporté sine die l’élection présidentielle prévue en février prochain, sans que cela suscite la moindre réaction de la Cédéao. Un partage d’expérience pourrait donc être profitable au Niger, qui a jusqu’ici rejeté toute tentative de médiation.

Un détail cocasse, pour finir : les représentations diplomatiques installées à Bamako ont reçu une invitation officielle, à l’occasion de cette visite. Invitation embarrassante et déclinée par plusieurs chancelleries, puisque la plupart des États, africains et occidentaux, ne reconnaissent pas le général Tiani comme président du Niger.

Le général Tiani doit repartir de Bamako en milieu d’après-midi, à destination de Ouagadougou. C’est ce qu’ont indiqué ce matin les autorités burkinabè de transition.

À noter enfin que le Parlement européen a adopté ce jeudi matin, à la quasi-unanimité, une résolution sur le Niger. Le texte condamne le coup d’État militaire du 26 juillet, demande la libération de Mohamed Bazoum et sa réintégration à la présidence, et « exhorte la junte à respecter les droits de l’homme ».