Volodymyr Zelensky a déclaré que la guerre entre Israël et le Hamas détournait l’attention de l’Occident de l’Ukraine. Selon le président ukrainien cela fait le jeu de Vladimir Poutine. Le conflit en Ukraine est rentré dans une autre phase avec la guerre d’Israël menée contre le Hamas en Palestine.
«Craignant l’oubli face au Proche-Orient, Volodymyr Zelensky tente de remobiliser ses alliés», titre France Info. La hantise du président ukrainien est que «la guerre menée contre son pays par la Russie disparaisse des radars, des consciences et donc des agendas diplomatiques», continue le média français. Volodymyr Zelensky redoute une forme de lassitude chez ses alliés. Aujourd’hui, les États-Unis sont engagés au Moyen-Orient. Kiev ne reviendra à la une des médias que lorsque Moscou aura obtenu des succès significatifs. Joe Biden devra alors prendre une décision importante.
Il est effectivement vrai que les nouvelles concernant des progrès mineurs sur le front ukrainien ont disparu des premières pages des médias occidentaux et cette nouvelle situation pourrait finalement jouer au profit de la Russie, a estimé le professeur de relations internationales à Harvard, Stephen Walt, dans un entretien à Business Insider.
Bien que l’issue finale du conflit à Gaza reste incertaine, Stephen Walt a déclaré que dans presque tous les scénarios possibles, la guerre d’Israël contre le Hamas aura des «effets non négligeables» sur une variété d’autres conflits à travers le monde, y compris celui en Ukraine.
«Il y a sept jours dans une semaine, 24 heures dans une journée, et seulement un temps et une attention limités que des gens comme Biden peuvent consacrer à différents problèmes», a poursuivi l’expert au média anglophone. «Donc, si vous devez concentrer beaucoup d’attention sur le Moyen-Orient, pas seulement pendant le conflit mais probablement pendant des années après, cela signifie simplement moins de temps pour d’autres problèmes, et d’autres pays vont se sentir négligés», a-t-il conclu.
Dans le cas de l’Ukraine, cet oubli peut se traduire par une pénurie de munitions. Le principal problème, a-t-il expliqué, est que les ressources et la «capacité» des États-Unis et d’autres pays à fournir un soutien militaire à leurs alliés sont limitées. «Pour l’Ukraine, ce sentiment de négligence pourrait prendre la forme d’une pénurie de munitions. Les États-Unis et leurs alliés ont déjà commencé à lutter pour maintenir leur approvisionnement en obus d’artillerie de 155 mm, qui constituent un élément clé d’une guerre d’usure comme est devenue celle-ci, où un camp tente d’épuiser l’autre dans un barrage constant d’attaques sur une longue période», tient à faire savoir Business Insider. «Guerre en Ukraine: les alliés occidentaux disent qu’ils sont à court de munitions», a, d’ailleurs, rapporté la BBC.
Bien que les États-Unis envisagent, selon le New York Times, d’augmenter leur production de munitions de 155 mm de 500% au cours des deux prochaines années, le pays produit actuellement un peu plus de 14.000 obus par mois. Il est connu que les troupes ukrainiennes consomment cette quantité d’obus en deux jours environ. Stephen Walt a, ainsi, averti que «maintenant que nous allons aider Israël à se réarmer, certaines des armes qui auraient été destinées à l’Ukraine iront plutôt au Moyen-Orient».
Euractiv a alerté sur le fait que «la lutte de l’Ukraine pour sa survie est devenue un match de football politique à peine plus d’un an après l’élection présidentielle américaine, avec des questions croissantes sur l’aide approuvée par le Congrès, qui s’élève jusqu’à présent à 100 milliards de dollars, dont 43 milliards de dollars en armement».
Enfin, dans le dernier sondage Gallup, la part des Américains qui pensent que l’aide des États-Unis à l’Ukraine, est excessive, a atteint 41%. A titre de comparaison, au début de l’année, ils n’étaient que 29%. Ainsi, de plus en plus d’Américains – et en aucun cas pro-russes ou anti-ukrainiens – sont convaincus que les États-Unis ont déjà assez fait, voire trop donné. «Si l’on met tout cela ensemble, les nouvelles pour l’Ukraine ne sont pas les meilleures», met en exergue Stephen Walt.
Les priorités américaines divisées au milieu de nombreux conflits mondiaux. De nombreux conflits mondiaux, dans lesquels les États-Unis se sont engagés à soutenir à long terme l’une ou l’autre partie, créent les conditions d’une aggravation de la situation en Ukraine sans trop d’efforts de la part de la Russie, a noté l’expert d’Harvard.
Business Insider relève le fait que «le problème auquel les États-Unis sont confrontés aujourd’hui est de tenter de gérer plusieurs défis importants simultanément: la guerre en Ukraine, la crise au Moyen-Orient, une rivalité à long terme avec la Chine qui implique une sorte de guerre économique ainsi que la posture militaire». Pour Stephen Walt, la Russie n’a rien à faire au Moyen-Orient et elle peut simplement regarder ce qui s’y passe. La Russie peut se consacrer sur le conflit en Ukraine.
«Malheureusement, je pense que la seule chose qui pourrait ramener l’attention sur l’Ukraine serait un revers vraiment substantiel, et personne ne souhaite que cela se produise», a-t-il continué. «Mais, s’il semble que la Russie est sur le point de réaliser à nouveau des progrès substantiels, cela pourrait remettre le problème de l’Ukraine à la une des médias», estime Stephen Walt. Cela placerait alors l’administration Biden dans une position terrible où elle devrait décider entre Israël et l’Ukraine.
Observateur Continental