Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a quitté l’Extrême-Orient russe dimanche 17 septembre, à bord de son train blindé. Il met ainsi un terme à sa visite entamée mardi. Une visite qui inquiète fortement les Occidentaux. Faut-il y voir une énième provocation, ou au contraire l’amorce d’une réelle coopération militaire ? Éléments de réponse.
Une visite sous le signe des armes
Dimanche, Kim Jong Un a reçu en cadeau cinq drones explosifs, un drone de reconnaissance et un gilet pare-balles des mains du gouverneur de la région de Primorye, dans l’Extrême-Orient russe. Mercredi déjà, lors d’un échange sur le cosmodrome de Vostotchny, Vladimir Poutine et Kim Jong s’étaient mutuellement offert un fusil. Des présents à caractère militaire hautement symboliques dans le contexte de la guerre en Ukraine.
C’est que l’aspect militaire a été omniprésent durant le séjour de Kim Jong Un en Russie. Mercredi, à Vladivostok, ville située près des frontières chinoise et nord-coréenne, il a par exemple assisté à une démonstration
de la flotte russe du Pacifique. Il est monté à bord du navire de guerre russe Maréchal Chapochnikov, où il a été accueilli par le commandant de la frégate. Le numéro un nord-coréen, accompagné du vice-Premier ministre russe chargé de l’Industrie Denis Mantourov, a pu aussi inspecter des installations de production d’avions de combat ainsi que de transport civil du constructeur Soukhoï, avant d’assister à une démonstration en vol d’un chasseur Su-35.
Egalement présent à bord, le commandant en chef de la flotte russe, Nikolaï Levmenov, a exposé au dirigeant nord-coréen les caractéristiques du navire et des armes anti-sous-marins, des quadruples tubes lance-torpilles et des lance-roquettes RBU-6000
. Autre exemple, samedi, Kim Jong Un a rencontré le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou à Vladivostok, où il a examiné des armes de pointe russes, dont un système de missiles hypersoniques. Le dirigeant nord-coréen a également passé en revue des bombardiers Тu-160, Tu-95MS et Тu-22М3.
Pas encore de coopération militaire, mais…
Lors de sa rencontre avec Kim Jong Un, Vladimir Poutine avait évoqué des perspectives
de coopération militaire malgré les sanctions internationales visant Pyongyang à cause de ses programmes nucléaires et de mise au point de missiles. Mais depuis, le Kremlin assure qu’aucun accord
n’a été signé lors de cette rencontre. Une façon de souffler le chaud et le froid, qui ne rassure pas les pays occidentaux.
Ces derniers redoutent un possible accord pour des livraisons d’armes et de munitions nord-coréennes, dont Moscou a besoin pour son offensive en Ukraine. Après s’être tournée vers l’Iran pour qu’il lui livre des centaines de drones explosifs, la Russie pourrait trouver des ressources utiles auprès de Pyongyang, qui dispose d’importants stocks de matériel soviétique et produit en masse des armes conventionnelles. Les Nord-coréens disposent de nombreux éléments d’artillerie. C’est l’épine dorsale de la stratégie contre la Corée du Sud et contre l’armée américaine
, explique à l’AFP Maciej Szopa, analyste militaire pour le média polonais Defence 24.
Pyongyang dispose de pièces d’artillerie tractée manuelle D-20 de 152 mm, fabriquées elles aussi en Union soviétique dans les années 1950, ou encore d’obusiers D-30 de 122 mm datant des années 1960. Les roquettes de calibre 122 mm destinées aux lance-roquettes multiples (MLRS) BM-21 Grad de l’époque de l’URSS, qui équipent les forces russes en Ukraine et figurent dans l’arsenal nord-coréen, sont aussi susceptibles d’intéresser la Russie.
Ouest France