La France et l’Afrique du Sud ont récemment fait preuve d’une volonté de tisser des liens durables. De l’implantation de grosses multinationales françaises en Afrique du Sud au problème du charbon, la coopération binationale s’annonce forte.
Quels sont les rapports entre l’Afrique du Sud et la France ?
Après avoir connu crises sociales et guerres fratricides, l’Afrique du Sud panse ses blessures et profite désormais d’un nouveau rayonnement économique au niveau mondial. Membre du BRICS, collectif des nouvelles puissances économiques mondiales (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), le pays aussi appelé la nation arc-en-ciel est au cœur de toutes convoitises. En termes de ressources, les sols du territoire sont riches en or, argent, pétrole et diamant. Avec des structures agricoles modernes, de puissantes industries manufacturières, et une population active majoritairement jeune, l’Afrique du Sud est devenue le partenaire commercial privilégié des grandes nations européennes telles que la France. Lors du congrès de la COP27 en 2022, le président Macron a confirmé sa volonté d’aider l’Afrique du Sud à sortir le charbon de ses usines. L’enveloppe d’un milliard d’euros débloquée par la France devrait servir à amorcer la transition écologique du pays. L’enjeu est conséquent, car il faudra aussi penser à réorienter les 100 000 actifs qui travaillent dans la filière.
Les entreprises françaises en Afrique du Sud
Récemment en visite à Pretoria, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a rencontré son homologue sud-africaine, Mme Naledi Pandor. Le but de ce congrès était d’aborder le sujet du nouveau pacte financier mondial, mais aussi de travailler en collaboration sur des thèmes tels que la transition énergétique, le sport et le tourisme. Catherine Colonna a aussi rencontré des ressortissants et chefs d’entreprises français implantés sur le territoire. Sur les 10 dernières années, les usines françaises, principalement basées dans la région du Gauteng, ont doublé leurs investissements et ont généré beaucoup de bénéfices. Aujourd’hui, on dénombre plus de 480 entreprises qui emploient environ 65 000 personnes dans le secteur agro-alimentaire (Danone, Pernod Ricard, LVMH), logistique (Bolloré, Alstom, Air France) et énergétique (EDF, Engie, Total). Catherine Colonna veut aussi renforcer la coopération entre l’Afrique du Sud et l’Hexagone, notamment dans les industries créatives : les jeux en ligne, le cinéma, le design, le multimédia, l’artisanat, le tourisme.
La course au charbon en Afrique du Sud
L’Afrique du Sud est aujourd’hui le pays le plus industrialisé du continent, devant le Maroc et l’Égypte. Persiste une problématique, celle de l’énergie. Le pays de 67 millions d’habitants est un des plus gros foyers mondiaux de gaz à effet de serre. Ce constat alarmant résulte de l’hyper productivité des 15 centrales à charbon réparties sur le territoire. Et si ces usines tournent à plein régime, c’est que le récent embargo russe a changé la donne, d’un point de vue géopolitique. Les nations européennes qui avaient débloqué 7 milliards d’euros pour la “décarbonisation” du pays semblent avoir changé leur fusil d’épaule : depuis le conflit entre la Russie et l’Ukraine, l’exportation du charbon sud-africain a été multipliée par sept.
Le coût des énergies fossiles ayant explosé, l’Afrique du Sud profite de cette manne financière soudaine. Malheureusement, le charbon étant considéré comme une des matières les plus polluantes au monde, les travailleurs du secteur sont exposés à de graves maladies respiratoires, voire à des décès prématurés. Si elle veut entretenir des relations économiques privilégiées avec ses homologues sud-africains, la France devra les aider à créer un nouveau modèle de développement durable.
Développement durable et transition écologique sud-africaine
L’utilisation intensive des énergies fossiles pourrait être un réel problème pour l’Afrique du Sud. Premièrement, la production de charbon a déjà coûté la vie de milliers de personnes. La toxicité de cette matière carbonique rend les conditions de travail extrêmement dangereuses et ce sont malheureusement les classes populaires, en première ligne, qui en souffrent le plus. Le Traité de Transition Énergétique Juste (JETP), établi par le gouvernement d’Emmanuel Macron, vise à “décarboniser” le pays, tout en limitant les conséquences économiques et sociales. En plus de l’aide financière de l’État français, l’Agence Française de Développement (AFD) a dépensé 1,5 million d’euros pour financer la recherche sur l’évolution énergétique sud-africaine. Le but étant de trouver une alternative à cette énergie fossile et d’aider à la reconversion professionnelle des employés du secteur. Le pays ayant déjà connu de grands bouleversements sociaux, la tâche ne sera pas aisée, comme le soutient Thomas Melonio, directeur général à l’AFD :
“ La filière d’extraction et de transport du charbon peut perdre des emplois et des revenus. Des personnes et des territoires vont avoir besoin d’un accompagnement ”
La transition énergétique de cette nouvelle puissance émergente devient un enjeu écologique mondial. La France a déjà manifesté son intérêt de développer plus de partenariats économiques avec l’Afrique du Sud, notamment dans le secteur de l’agroalimentaire, du tourisme et des industries créatives en ligne. L’Afrique du Sud a su faire preuve d’exemplarité dans son évolution après l’Apartheid, pour découvrir un peu plus sur cette période, prenez connaissance de cet article.