Le président du Gabon Ali Bongo Ondimba a été déchu et “mis à la retraite”, ce mercredi, à la suite d’un coup d’État.
Le général Brice Oligui Nguema, chef de la Garde républicaine, acclamé par des centaines de militaires, a été nommé, le même jour, comme président de la Transition.
Ali Bongo, fraichement réélu pour un troisième mandat avec plus de 64 % des voix, a été placé en résidence surveillée et plusieurs personnalités politiques proches de celui-ci ont été arrêtées.
Le Gabon est connu pour ses réserves de pétrole, de bois, de manganèse (un métal utilisé dans la production d’acier et de batteries) et des réserves quasiment épuisées d’uranium, exploitées entre 1961 et 1999 par la société française Orano, ex-Areva.
Le Gabon est l’un des pays les plus riches d’Afrique, avec un PIB par habitant de 8.600 dollars, mais aussi encore un tiers de sa population qui vit sous le seuil de pauvreté (5,5 dollars quotidiens).
Le secteur pétrolier et minier, représente le cœur de l’économie gabonaise, avec 40 % des recettes fiscales, 52 % du produit intérieur brut (PIB), et 84 % des exportations.
Le Gabon est aussi l’un des pays francophones avec lequel la France entretient d’importantes relations économiques.
– Une présence française importante
Selon le registre consulaire des Français établis hors de France (non exhaustif), près de 8000 expatriés français vivent au Gabon, dont une très large majorité dans la capitale Libreville.
Colonie française de 1882 jusqu’à son indépendance officielle le 17 août 1960, ce pays d’Afrique centrale compte 2,4 millions d’habitants. La France dispose au Gabon d’une base militaire permanente — une des quatre bases militaires permanentes en Afrique, avec le Sénégal, Djibouti et la Côte d’Ivoire — et d’environ 400 soldats présents sur place.
La France a effectué plusieurs interventions militaires dans le pays, notamment en 1964 et en 1990 afin de garder au pouvoir Omar Bongo, le père d’Ali Bongo ayant détenu le pouvoir de 1967 à 2009 et auquel son fils a succédé la même année.
– Entreprises et investissements français au Gabon
L’ambassade de France au Gabon indique qu’approximativement 110 entreprises françaises sont présentes dans ce petit pays d’Afrique centrale, soit plus qu’au Nigéria ou au Cameroun.
Quelque 81 grandes entreprises françaises détiennent des filiales dans ce pays situé sur la côte atlantique du continent, notamment le groupe minier Eramet (plus de 90 % du manganèse gabonais), le pétrolier Perenco, les pétrogaziers TotalEnergies et Maurel & Prom. Air Liquide, Spie Oil & gas, Air France, l’armateur CMA CGM, Bolloré Africa Logistics, Colas spécialisé dans les travaux publics, Rougier (vente du bois), l’assureur Axa et le fonds d’investissement Meridiam, ainsi que Havas, Canal+, Atos et Servair.
Environ 14.000 emplois et 3.5 milliards de chiffre d’affaires — soit près d’un cinquième du produit intérieur brut nominal du Gabon — sont générés par les entreprises tricolores dans le pays, avec un stock d’investissement proche d’un milliard de dollars.
Le Gabon est la huitième destination des investissements français, en nombre d’implantations, sur le continent africain, avec une présence marquée dans tous les secteurs économiques, en dehors du secteur bancaire.
– Échanges commerciaux
La France est le premier fournisseur du Gabon en 2022, devant la Belgique et la Chine. Le Gabon est le 76ᵉ partenaire commercial de la France, selon le ministère français des Affaires étrangères.
Ce pays d’Afrique centrale représente moins de 0,1 % des exportations françaises dans le monde, à hauteur de 536 millions d’euros, mais la France détient 26 % de part de marché au Gabon, notamment à travers les biens d’équipement (27 %, mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique), les produits agroalimentaires (20 %), les biens intermédiaires (25 %), et les produits pharmaceutiques (10 %).
Le Gabon est la première destination d’exportations françaises au sein de la Communauté des États d’Afrique centrale (Cemac) qui inclut notamment le Cameroun et le Tchad.
Les exportations gabonaises vers la France, à hauteur de 310 millions d’euros en 2022 (sur un total d’environ 5 milliards), sont réparties principalement entre les hydrocarbures naturels (43 %, pétrole, gaz naturel), les minerais métalliques (24 %, principalement le manganèse) et le bois (31 %).
La Chine reste le premier client (un tiers des exportations gabonaises) et le premier partenaire commercial du pays d’Afrique centrale (près de la moitié des échanges depuis 2019).
– Concurrence d’autres pays
Avec les années 2010, le Gabon a cherché diversifier ses partenariats économiques avec d’autre pays que la France, notamment la Chine, les États-Unis ou le Maroc, mais aussi avec son intégration dans le Commonwealth (britannique), en même temps que le Rwanda, autre pays francophone, Libreville développant également des relations économiques avec l’Inde et l’Australie.
La Chine et le Maroc ont amplement investi dans le pays ces dernières années, alors que le stock des investissements directs chinois a dépassé le milliard de dollars, avec plus de 60 entreprises chinoises implantées dans le pays, dont la moitié sont constituées d’entreprises étatiques. L’exploitation des hydrocarbures, du bois (plus de la moitié des forêts gabonaises) et du manganèse, constituent les principales activités de la Chine au Gabon.
Le Maroc, septième fournisseur d’investissements directs étrangers au Gabon pour un montant d’un peu plus d’un demi-milliard de dollars, est très actif dans le pays, notamment dans le secteur minier (or), banque et assurances, les télécoms, le transport et le travaux publics.
Anadolu Agency